Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/337

Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

l’opium et du quinquina, celui-ci des saignées ; et tous deux par conséquent nous ont appris des choses fort importantes sur la valeur, bonne et mauvaise, sur l’influence salutaire et funeste de ces deux médications.

Tous deux ont eu une grande renommée.

Nous croyons que, si nous poussions le parallèle jusque dans la postérité, l’analogie serait la même, et nous verrions que tous deux ont été des hommes de passage.

Voyons à présent comment Broussais est entré dans la carrière, et comment il l’a parcourue.

François-Joseph-Victor Broussais naquit à Saint-Malo le 17 décembre 1772, d’un père médecin. À douze ans, il entra au collége de Dinan, où il resta jusqu’à vingt : il s’y distingua par son application et sa facilité, fit de bonnes humanités, et contracta pour les classiques latins un goût qu’il garda toujours. En 1792, il partit comme volontaire, et devint sergent en très peu de temps ; mais une maladie l’ayant forcé à revenir dans sa famille, il entra dans le service de santé de l’hôpital de Saint-Malo. Bientôt il passa à Brest, où il apprit l’anatomie sous MM. Billard et Duret. C’est là que se décida sa vocation médicale ; il travailla avec ardeur, se fit recevoir officier de santé, et, après un voyage de courte durée dans la marine marchande, il fut nommé chirurgien de deuxième classe.

En 1795, il se maria, ce qui ne l’empêcha pas de prendre du service dans la marine militaire en qualité de chirurgien. De retour à Saint-Malo, il fut pendant quelque temps attaché à l’hôpital, où les principales maladies qu’il eut à observer furent des typhus et des affections scorbutiques.

En 1799, il vint à Paris. Quelque simple et laborieuse que fût alors sa vie, il fut obligé de contracter des dettes qu’il ne paya que plusieurs années après, lorsqu’il vendit, à vil prix cependant, sa célèbre Histoire des phlegmasies chroniques. C’est à cette époque que Broussais fit la connaissance de Bichat, dont il cultiva l’amitié jusqu’à la mort de celui-ci, en 1802. Bichat, Pinel, Cabanis, tels étaient les hommes qui remplissaient alors le monde médical de leurs productions et de leur nom. Pinel avait publié en 1798 sa Nosographie philosophique ; Bichat, son Traité des membranes en 1800, et son Anatomie générale en 1801 ; Cabanis, ses Rapports du physique et du moral en 1802.

Le 5 frimaire an XI, Broussais se fit recevoir docteur, et prit pour