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REVUE LITTÉRAIRE.

MARIANNA,
PAR M. JULES SANDEAU.

Le nouveau roman de M. Jules Sandeau a pleinement réalisé toutes les espérances que nous avions conçues en lisant Madame de Sommerville. Nous sommes heureux d’avoir à constater le succès populaire et légitime de Marianna. Il y a dans ce livre, publié le mois dernier, et que déjà bien des femmes ont lu et relu, toute la grace qui distinguait Madame de Sommerville, et cette qualité si précieuse n’est pas la seule que nous ayons à louer, car plusieurs parties de Marianna révèlent une grande maturité de pensée et une science littéraire très remarquable. Le sujet choisi par M. Jules Sandeau est empreint d’une profonde tristesse, mais l’auteur l’a traité avec une vérité si attachante, il a développé avec un soin si scrupuleux les moindres épisode de son récit, il a si habilement idéalisé la réalité qu’il avait sans doute connue par lui-même, il a usé si ingénieusement de sa mémoire et de son imagination, que la tristesse de la donnée disparaît sous le charme des développemens. Si les passions n’étaient pas éternelles, si l’homme n’était pas amoureux du trouble et de l’inquiétude, nous dirions que Marianna est une leçon éloquente, et nous insisterions sur le mérite moral de cette œuvre, nous la recommanderions comme un excellent conseil. Mais pénétré, comme nous le sommes, de la nécessité, de l’éternité des passions, nous nous contenterons d’appeler l’attention et la sympathie sur les personnages, la fable et le style de ce livre.