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REVUE DES DEUX MONDES.

méphistophélès, à part.

Attends ! attends ! je vais embrouiller toutes tes grandes idées avec des mots ! (Haut.) Je le crois bien, mon cher monsieur ; vous ignorez une foule de choses que vous méprisez et qui vous ouvriraient pourtant les portes d’un monde inconnu. Par exemple, je parie que vous n’avez jamais entendu parler des harpes magnétiques ?

albertus.

J’ai entendu parler des harpes éoliennes que le vent fait vibrer.

méphistophélès.

Et vous ne regardez pas la chose comme impossible ?

albertus.

Non certainement.

méphistophélès.

Vous admettez que l’air peut jouer de la harpe, et vous n’admettez pas que le souffle humain, mû par la volonté, par la pensée, par l’inspiration, puisse produire des effets semblables ?

albertus.

Il faudrait supposer à de tels instrumens une incroyable délicatesse d’impressions, si l’on peut parler ainsi.

méphistophélès.

Supposez encore plus. Supposez qu’il existe un rapport sympathique entre l’artiste et l’instrument !

albertus.

Voilà ce que je ne puis admettre.

méphistophélès.

À votre aise ! ne supposez rien, n’admettez rien ; mais, pour être logique, il vous faut encore nier le phénomène que vous voyez s’accomplir tous les jours sous vos yeux.

albertus.

J’admettrai tout ce que vous me prouverez.

méphistophélès.

Voyons, voulez-vous sincèrement connaître le secret de la lyre magnétique ?

albertus.

Je le veux.

méphistophélès.

N’apporterez-vous pas à cette étude votre orgueil de savant et votre entêtement de logicien ?