Je suis votre serviteur. Que me voulez-vous ?
Votre Infaillibilité ne me fait pas l’honneur de me remettre ?
À moins que je ne vous aie vu dans un hôpital de fous.
Votre Austérité plaisante, je suis le bon Israélite Jonathas Taër.
En effet, je vous reconnais maintenant ; mais, comme le bruit de votre mort a couru ici, mon esprit ne se prêtait pas à cette reconnaissance.
J’ai été fort malade à Hambourg. Tous les médecins m’avaient condamné ; mais, au moment où l’on prétendait qu’il fallait me porter en terre, je me suis trouvé sur pieds, grâce à un topique que m’apporta une tireuse de cartes. Je crois bien que, pour n’en avoir pas le démenti, ces messieurs ont fait enterrer une bûche à ma place. Ma guérison eût ruiné leur réputation.
Et pourquoi ? Vous eussiez pu avoir raison tous. Votre maladie était mortelle ; mais les juifs ont la vie si dure !… Voyons, que désirez-vous ? Pas de complimens inutiles, je vous prie. Mon temps ne m’appartient pas toujours.
Faquin ! qui sait mieux que moi le temps que tu perds à caresser des lubies ? (Haut.) Mon cher maître, je viens vous proposer une affaire.
Oh ! c’était votre refrain avec mon pauvre ami Meinbaker. Mais avec moi, quelle affaire pourriez-vous avoir ? Je n’ai rien, et ne désire que ce que j’ai.
Oh ! j’ai là, dans ma poche, des papiers qui, j’en suis sûr, vous tenteront.
Des papiers ?
Un manuscrit précieux.