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REVUE
LITTÉRAIRE.

GABRIELLE,
PAR MADAME ANCELOT.

Le roman de Mme Ancelot obtiendra-t-il le même succès que Marie ? Nous ne le croyons pas, et nous pensons que le public, en se montrant plus sévère pour le livre que pour le drame, ne se rendra pas coupable d’injustice. Nous avons dit, il y a deux ans, ce que signifiaient pour nous les applaudissemens donnés à Marie, nous dirons avec la même franchise avec la même liberté ce que signifient les éloges prodigués à Gabrielle. Nous sommes loin assurément de nier la grace et l’intérêt du sujet choisi par Mme Ancelot ; mais il s’en faut de beaucoup que nous prenions au sérieux l’admiration bruyante qui accueille son roman. Il y a dans la donnée qu’elle a traitée une extrême simplicité, et c’est là, sans doute, un mérite dont nous devons la remercier ; mais les ressorts qu’elle a mis en œuvre sont généralement vulgaires, et nous ne pouvons consentir à voir dans Gabrielle un récit digne d’entrer dans la famille littéraire. Gabrielle, nous l’avouons sincèrement, ne vaut ni plus ni moins que Marie ; mais le lecteur doit se montrer moins indulgent que le spectateur, car un livre est une œuvre complète par elle-même, et que chacun peut juger à loisir et librement, tandis qu’un drame, si maladroit qu’il soit en sortant des mains de l’auteur, se transforme en paraissant sur la scène,