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LA HONGRIE.

plus importante de toutes est celle de palatin décernée par l’assemblée nationale qui doit choisir entre les quatre candidats proposés par le roi. Le palatin est la sentinelle avancée de l’aristocratie, le gardien des priviléges de tous, l’intermédiaire du souverain et de la nation. C’est à lui qu’appartient de droit la présidence de la première table de la diète. Depuis 1796, l’archiduc Joseph est revêtu de cette importante dignité. Les liens étroits qui l’unissent à la cour de Vienne ne lui font point oublier ses devoirs. En 1825, sous le règne du dernier empereur, il ne craignit pas de défendre les priviléges méconnus de sa patrie adoptive. Esprit sage et libéral il comprend à merveille la portée du siècle, et les réformateurs utiles ne le trouveront jamais au nombre de leurs adversaires entêtés. Le courage avec lequel les jeunes archiducs se sont exposés, lors de l’inondation, pour sauver les malheureux naufragés, a fait reporter sur eux une partie de l’affection que les nobles qualités de leur père ont inspirée aux Hongrois. Cette popularité si justement acquise est gênante pour la cour de Vienne ; aussi, lors de la récente maladie du palatin, se résignait-on sans trop de douleur à porter son deuil.

Le lieutenant du royaume vient après le palatin. Nommé par le roi, il le représente à la tête des armées et dans les solennités publiques. La lieutenance a été réunie au palatinat dans la personne de l’archiduc Joseph.

À l’époque de la conquête, la Hongrie fut partagée en cinquante-deux comitats, c’est-à-dire en cinquante-deux cantonnemens occupés chacun par un corps d’armée. La division du sol anglais en comtés a la même origine. Cette organisation, vicieuse sous une foule de rapports, renferme néanmoins un principe excellent et libéral, celui de l’administration du pays par le pays lui-même. Un comte et un vicomte sont à la tête de chaque comitat. Ces charges ont dû primitivement être toutes deux électives ; mais, depuis longues années, la première est devenue héréditaire dans certaines localités, dans d’autres elle est laissée à la nomination royale. Tous les nobles, quelle que soit leur fortune, quel que soit leur état, et beaucoup n’ont plus d’autre bien que leur nom, se réunissent tous les trois ans dans une assemblée dite restauration, pour choisir le vicomte et les autres magistrats.

Le gouvernement local, ainsi constitué, exerce sur toutes les campagnes du comitat un pouvoir à la fois administratif et judiciaire. Les actes sont appuyés et au besoin exécutés par les hussards, corps tout-à-fait distinct de l’armée de ligne. Une espèce de cour d’assises,