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REVUE DES DEUX MONDES.
Report. 
43,792,000
Vins et liqueurs 
712,000
Drogues et épices 
1,486,000
Charbon de terre et de bois 
1,344,000
Sucre 
666,000
Verreries et glaces 
643,000
Armes 
258,000
Cochenille 
1,112,000
Huile 
769,000
50,782,000

Dans son état normal, ce dépôt s’élève à la valeur de 7 à 8 millions de francs. Comme tous les dépôts commerciaux actuels, il a ses variations ; car, en Égypte pas plus qu’ailleurs, le grand problème de la balance progressive de la production et de la consommation n’a été résolu. Ces variations portent, soit sur la quantité, soit sur le manque de certains objets ; et, bien que les négocians européens ne forment qu’un seul noyau à Alexandrie, bien qu’ils se tiennent constamment à l’affût de toutes les chances de bénéfice, la concurrence mal entendue, les distances, l’irrégularité des traversées et de la manufacture européenne, empêchent assez souvent le dépôt d’être complet, ou y produisent un engorgement anormal. C’est ce qui fait que le marché égyptien est très inconstant, que les bénéfices y sont quelquefois très grands, et d’autres fois nuls ; c’est ce qui amène fréquemment des faillites chez les petits négocians européens et levantins. Une administration unitaire, qui régulariserait le dépôt, est-elle possible ? Les Français avaient cherché à l’établir, lorsqu’ils étaient maîtres de l’Égypte ; ils avaient nommé deux négocians pour administrer le commerce. Mohammed-Ali désirerait bien monopoliser tous les articles du dépôt ; il l’a déjà fait pour les vins, en établissant une apalte ; de même qu’il est le seul propriétaire de l’Égypte, il voudrait en être le seul négociant : mais il est retenu par la crainte d’effrayer les commerçans européens, imbus des idées de liberté industrielle et de concurrence ; il sent que l’Égypte ne peut se passer d’eux, surtout pour le commerce d’importation. D’ailleurs, le monopole du gouvernement égyptien, tel qu’il le pratique du moins pour les vins, aurait un caractère purement fiscal, et ne serait point une amélioration commerciale. L’établissement des paquebots à vapeur a rendu plus facile la régularisation du dépôt. Aujourd’hui, les demandes peuvent être dirigées sur le marché européen au fur et à mesure des besoins. Le négociant peut même se borner au rôle de commissionnaire des marchands, colporteurs ou consommateurs du pays, qui paient la marchandise au moment où elle leur est consignée. Ce système simplifie les opérations ; il est déjà pratiqué par plusieurs maisons qui en reconnaissent chaque jour la convenance.

Les articles de ce dépôt ne se consomment pas tous en Égypte ; ils y subissent un travail de division, et sont réexportés en Syrie, dans l’Hedjaz et sur les côtes de la mer Rouge. Cette réexportation est d’environ un tiers des