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amis de l’opposition, MM. Berryer, Garnier-Pagès et autres, l’engagement de faire tous ses efforts pour assurer leur réélection. Cet engagement a été rendu public dans tous les journaux de la coalition ; il est commun à chacun des 213, et M. Legentil, ainsi que ses collègues de l’opposition, ont fait entre eux un traité d’assurance mutuelle. S’il y est fidèle, ses efforts devront tendre, dans les autres arrondissemens, à faire nommer M. Salverte, M. Bethmont, le protégé de M. Odilon Barrot, et, partout où besoin sera, les légitimistes et les républicains de la coalition. Est-ce là n’avoir pris aucun engagement et avoir accepté les suffrages de ses alliés sans conditions, comme l’a dit M. Legentil aux électeurs du 3e arrondissement ?

— Encore une objection à M. Legentil. Il a reproché, dans cette même réunion, au gouvernement, de n’avoir pas opéré la réduction de la rente en 1838, et en même temps il lui a reproché de n’avoir pas négocié assez longtemps pour la question du territoire, en ce qui est relatif à la Belgique. Le ministère a négocié depuis deux ans pour cette question, que M. Guizot, contrairement à M. Legentil, voudrait qu’on eût tranchée il y a six mois. Mais la conversion de la rente ne pouvait avoir lieu tant que l’affaire de la Belgique était en suspens. C’était là un des grands obstacles à cette opération financière, qui ne pouvait s’effectuer devant les chances de guerre générale ; or, prolonger les négociations pour la Belgique, c’était reculer l’époque de la conversion des rentes que voulait si impatiemment M. Legentil. Ainsi, ou M. Legentil n’est pas d’accord avec lui-même, ou il demande l’impossible, et dans tous les cas, ce ne serait pas un député bien habile ni un politique très consommé.

M. Arago, qui s’est engagé, ainsi que tous les 213, à donner son suffrage à tous les candidats légitimistes, ou du juste-milieu, qui ont fait partie de la coalition de la chambre, M. Arago n’est pas de la coalition, il le dit formellement. Nous n’hésitons pas à croire M. Arago ; mais où sont donc les membres de la coalition ? Tout le monde la renie, et vous verrez qu’il n’y restera que M. Thiers et M. Guizot ! En attendant, M. Arago et M. Laffitte parcourent les réunions préparatoires, et donnent des certificats de civisme aux candidats qu’ils protégent, en y ajoutant de petits discours. Ainsi, dans la réunion du 12e arrondissement, tout en recommandant M. Cochin, M. Arago a déclaré qu’un ministère composé de MM. Duchâtel, Vivien, Dufaure et Odilon Barrot aurait eu la majorité dans la chambre, parce qu’il aurait eu pour lui ce que M. Arago nomme le bagage et le mobilier ministériels. Si c’est là le ministère que souhaite M. Arago, et qu’il recommande aux électeurs, il aurait mauvaise grace à nier qu’il n’est pas de la coalition. Il en est si bien, qu’il a fait dans cette réunion l’éloge de toutes les coalitions, depuis les coalitions du parlement d’Angleterre jusqu’à celle de 1827. Il n’y a donc que celle de 1839 qui ne soit pas susceptible d’être défendue, puisque M. Arago persiste à soutenir qu’il n’en fait pas partie ?

— Hier, M. Arago et M. Laffitte s’étaient transportés dans le 6e arrondissement, pour y faire leurs fonctions de parrains électoraux. Là, les amis de la