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REVUE. — CHRONIQUE.

les déclamations furibondes et les cris de guerre. Est-ce du ministère ou de la coalition qu’ils sont partis ? À moins que les doctrinaires ne prétendent que c’est le ministère qui rédige la Revue du Cher et les journaux radicaux.

— Nous ne connaissons rien de plus instructif, en ce moment, que les circulaires électorales de l’opposition, et que ses discours dans les réunions préparatoires. La lettre de M. Odilon Barrot aux électeurs de Chauny, son allocution aux électeurs du 1er arrondissement, montrent assez, pour qui sait lire et écouter, ce que la France a à attendre du parti de l’extrême gauche. Dans sa lettre, M. Odilon Barrot dit qu’une guerre européenne aurait de trop funestes conséquences pour qu’elle éclate sans une nécessité absolue. Voilà une belle garantie ! La non-évacuation d’Ancône, après le départ des Autrichiens, n’a-t-elle pas été présentée, par M. Odilon Barrot et même par M. Thiers, comme une nécessité absolue, commandée par la dignité de la France ? La rupture violente des 24 articles n’est-elle pas reconnue comme une nécessité absolue par le Constitutionnel et le Siècle, organes de M. Thiers et de M. Odilon Barrot ? Et, enfin, M. Odilon Barrot ne regarde-t-il pas comme une nécessité absolue les limites du Rhin, dont, selon lui, ne peut se passer la France ? La politique franche et élevée qu’il demande ne consiste-t-elle pas dans toutes ces conditions ? et s’il en exige l’accomplissement, peut-on douter que nous n’ayons la guerre avec l’Europe peu de mois après la formation du cabinet qui aurait pris un tel programme ? Si c’est ainsi que M. Odilon Barrot et M. Thiers entendent la paix, nous ne pensons pas les calomnier assurément, en disant qu’ils nous donneraient la guerre.

— Nous lisons aussi, dans une des allocutions de la coalition, que les 213 sont une coalition de principes et d’intérêts publics ; les 221, une coalition d’intérêts personnels. Les 221 ne veulent, il est vrai, que la paix, que le maintien du système du 13 mars, modifié au 15 avril par l’amnistie ; ils refusent de s’associer à ceux qui espèrent maintenir la paix en déchirant les traités, à d’autres qui veulent la propagande et la république, à d’autres, enfin, qui attendent le retour de Henri V, et choisissent pour leurs candidats à la chambre M. de Villèle et M. d’Haussez, l’un des signataires des ordonnances de Charles X. Ce sont là des intérêts personnels, en effet. Personnellement, les 221 sont intéressés, ainsi que tous leurs commettans, à ce que nulle de ces choses ne se réalise ; mais ces intérêts personnels sont aussi ceux du pays, et nous défions la coalition d’en dire autant de ses principes, qui sont ceux de dix partis différens.

— Dans la réunion préparatoire du 3e arrondissement, un électeur a demandé à M. Legentil, candidat de la coalition, si, dans le cas où MM. Berryer et Garnier-Pagès, ses amis de l’opposition, lui offriraient leurs suffrages pour être député, il accepterait les voix de ces messieurs. M. Legentil n’a pas jugé à propos de répondre à cette question si catégorique, et il s’est borné à dire qu’il n’avait pris aucune espèce d’engagement. « Si des électeurs de l’opposition me donnaient leur voix, a-t-il ajouté ce serait sans aucune condition de ma part. » Or M. Legentil s’est trompé en répondant ainsi, car il a pris avec ses