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LETTRES
SUR L’ÉGYPTE.

COMMERCE.


L’Égypte semble appelée à être l’entrepôt du commerce entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe ; elle est baignée d’un côté par la Méditerranée, de l’autre par un prolongement de l’Océan ; elle est sillonnée intérieurement par des cours d’eau naturels ou artificiels, qui permettent des communications faciles. On dirait que sa mission providentielle est de recevoir et de répartir les produits des trois continens, d’être le théâtre des échanges de la richesse du Midi et de celle du Nord, de relier ainsi la société occidentale à laquelle se rattache l’Amérique, avec la société orientale, indienne et chinoise, qui a pour appendice la Nouvelle-Hollande et l’archipel océanique. Tous les conquérans célèbres, tous les hommes qui ont embrassé d’un coup d’œil d’aigle les intérêts du monde, ont pressenti ces hautes destinées de l’Égypte, et se sont rendus maîtres, au nom de la victoire, de cette terre dont la possession semblait leur attribuer la domination commerciale du globe. Ils y trouvaient le double avantage d’un territoire fertile et d’un centre politique vers lequel ils faisaient converger tout le mouvement de la Méditerranée, pour l’unir à la civilisation indienne et au progrès géographique dont le détroit de Bab-el-Mandeb était alors l’unique issue. Le représentant de la puissance hellénique, Alexandre, fut un de ceux qui travaillèrent le plus activement à cette œuvre, en fondant la ville qui porte son nom, et qui, durant plusieurs siècles, servit d’entrepôt aux marchandises et aux idées de l’Orient et de l’Occident. Les Romains continuèrent le système d’Alexandre, d’abord en construisant une forteresse sur le Mokatan, pour