Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/554

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 février 1839.


Ce matin, dès l’aube du jour, on distribuait gratuitement dans Paris, un écrit de M. Thiers adressé aux électeurs d’Aix. Il y a quelques jours, M. Guizot et M. Duvergier avaient fait distribuer, également à profusion, deux lettres à leurs commettans, véritables manifestes qui sont moins des plaidoyers en faveur de ceux qui les écrivent et de leur conduite, que des actes d’accusation contre le gouvernement. Heureusement ces accusations se réfutent les unes les autres, et le fait même de leur distribution simultanée suffira pour les neutraliser. C’est que les membres de la coalition sont, comme l’a dit si énergiquement M. Thiers dans un de ses écrits, des démentis donnés les uns aux autres, et il n’en est pas un qui ne soit la réfutation de son voisin.

M. Thiers débute en disant qu’il est aujourd’hui dans l’opposition, non pas seulement pour une question, mais pour la tendance générale du gouvernement au dedans et au dehors. M. Guizot a élevé la même attaque contre le gouvernement. Son accusation porte sur la faiblesse ou sur la décadence du pouvoir. M. Guizot ne précise pas davantage les faits. Le pouvoir monarchique s’amoindrit ; voilà pourquoi M. Guizot s’est allié à M. Garnier-Pagès et aux républicains pour le relever ! M. Thiers, qui s’engage plus nettement dans les questions politiques, se plaint aussi amèrement de l’abaissement de la révolution de juillet en Europe, depuis sa sortie du ministère où il a été remplacé par M. Duchâtel et par M. Guizot ; et c’est dans le dessein de rendre à cette révolution et à ses principes la force qui leur manquent à cette heure, selon M. Thiers, que l’honorable député d’Aix a fait alliance avec M. Berryer ainsi qu’avec les députés légitimistes ; c’est dans ce but qu’il leur a promis sa voix et son appui dans les élections ! Nous ne devons, en effet, regarder que comme un demi-aveu les paroles de M. Thiers, qui dit à ses électeurs que, dans l’opposition où il figure, il rencontre M. Guizot, M. Odilon Barrot, M. Berryer et M. Garnier-Pagès. Les feuilles qui sont les organes