d’imitations plus ou moins heureuses de cet adorable chef-d’œuvre. Où trouver en effet cette grace exquise, cet abandon si frais, cette première mélancolie de l’amour, dans une forme si parfaite, si admirablement combinée que la pensée n’y semble pas à l’étroit en un vers de quatre pieds ? Cependant nous croyons qu’on pourrait mieux réussir en ce travail que M. Émile Deschamps ne l’a fait. Par exemple, ces deux vers :
De mon cœur a fui la paix ; Elle n’y reviendra jamais,
Son parler qui semble
Vous caresser ;
Sa main qui tremble,
Et son baiser !
Seiner Rede
Zauberfluss
Sein Handedrück
Und ach sein Kuss.
Dernièrement on parlait, dans cette Revue, d’un idéal d’édition pour André Chénier. S’il m’était permis de m’abandonner à cette rêverie charmante de M. Sainte-Beuve, je proposerais la même chose pour Schubert. Et d’abord tous les poètes prendraient part à cette édition, chacun choisissant, dans les richesses amassées par Schubert, le fragment poétique vers lequel il se sentirait entraîné par ses naturelles sympathies. Je n’aurais garde en outre d’omettre, comme on l’a fait jusqu’ici, le nom des Allemands. Goethe, Rückert, Wilhelm Müller, figureraient entre le musicien et le traducteur, sur chaque titre de cette collection, dont je confierais les dessins à Ziegler, à Delacroix, à Louis Boulanger, à tous les peintres qui savent encore s’inspirer du sentiment vrai de la poésie et de la musique. De la sorte, on aurait, je crois, une édition définitive, et bien faite pour initier la France à l’expression multiple des lieder de Schubert. Je ne parle pas de l’interprète qu’il faudrait choisir ; car, depuis que Nourrit l’a chantée, l’idéal est atteint pour cette musique.