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REVUE DES DEUX MONDES.

À son bandeau royal scintillent les Pléiades,
Et resplendit l’Aldebaran.
Mon regard a suivi leur course circulaire
Sans s’éblouir de leur beauté ;
Mais, arrivé soudain à l’Étoile polaire,
Mon œil errant s’est arrêté.

Douce opale du ciel ! que ta lueur charmante
Console après les pleurs du jour !
Blanche vierge du ciel ! que ton regard m’aimante,
Et qu’il m’attire avec amour !
Sur les enfans du Nord les ténèbres farouches
Versent, hélas ! de longs ennuis…
Toi qui veilles sans cesse et jamais ne te couches,
Tu nous es le soleil des nuits.

Quand, par ces nuits d’hiver, l’homme de la campagne,
Si vigilant et soucieux,
Veut connaître l’instant de quitter sa compagne
Pour le travail, alors ses yeux
Cherchent le Chariot qui toujours au ciel reste
Exposant ses trains éclatans :
Là sept étoiles d’or dans le livre céleste
Indiquent le chiffre du temps.

Le marin flotte au loin sur les vagues perfides :
Où donc est le phare allumé ?
Il le demande en vain au fond des mers avides
Où le rivage est abîmé.
Le rivage est aux lieux où tes flammes s’animent,
Phare suprême et solennel !
Le fond est à la voûte où tes pointes s’impriment,
Ancre d’argent jetée au ciel !

Tous les astres là-haut dansent leurs lentes rondes,
Toi seule tu suspends tes pas.
Le ciel change sa face où circulent les mondes,
Toi seule tu ne changes pas.
Étoile, serais-tu — mon ame le devine —
Si chère au penseur agité,
Parce que Dieu te garde en sa droite divine
Comme clef de l’Éternité ?

Cette Étoile polaire doit être aussi comme la clef du lyrisme du Nord. — Les stances et sonnets qui composent le Livre d’Amour attribué au jeune poète mort, ont souvent de la grace et toujours une grande aisance. Il y règne