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LA TERREUR
EN BRETAGNE.

II.[1]

NANTES EN 93.

I.

Nous marchâmes environ deux heures sans rien rencontrer. Je remarquai que notre guide, d’abord causeur, était insensiblement devenu silencieux. Je l’avais vu se pencher plusieurs fois pour regarder la route, à la lueur des étoiles ; je lui en demandai la cause.

— Je croyais qu’il n’y avait à venir par ici, comme autrefois, que les paysans du pays, me répondit-il ; mais, depuis qu’il n’y a plus de sûreté sur les grands chemins, ceux qui voyagent cherchent les traverses ; aussi, vois comme l’herbe de la route a été piétinée par les chevaux.

— Que nous importe ?

— Plus que tu ne crois, citoyen ; les royalistes cherchent les voya-

  1. Voyez l’épisode de cette série qui précède celui-ci, dans la livraison du 1er juillet 1838, sous le titre de Rennes en 93. L’auteur, qui a rédigé ces souvenirs historiques d’après les notes de son père, s’est attaché à conserver le langage du temps.