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REVUE. — CHRONIQUE.

prouver en cela et notre sincérité complète, et nos profonds égards pour des intérêts toujours respectables.

Or, d’un collationnement rapide, il résulte pour nous qu’en effet, par plusieurs côtés, cette édition nouvelle rectifie ou complète l’ancienne. L’introduction, trop parasite encore, a été néanmoins fort abrégée et adoucie surtout dans ses formules louangeuses. La Charte, au lieu d’être insérée in extenso, n’y figure plus qu’en analyse ; le chef-d’œuvre du docteur Constancio, le mot Pleïadelphia, a disparu, et l’espace qu’occupaient ces puérilités a été rendu à des détails plus importans de topographie et de statistique. Un passage nouveau, au sujet de l’obélisque de Louqsor, rétablit la vérité des faits de manière à rendre impossible la méprise que nous avions signalée. L’article France, écourté dans la première édition, a repris dans la dernière l’étendue et l’importance nécessaires ; des additions nombreuses à propos de la Belgique, de l’Italie, de la Suisse, de la confédération germanique et d’autres états, maintiennent les parties qui y ont trait au niveau des documens actuels, et une table alphabétique, dressée avec un soin particulier, corrige et atténue ce que l’ordonnance du livre a conservé de défectueux.

Telles sont les améliorations que nous avons remarquées dans l’édition de 1838. Il ne nous reste plus qu’à rectifier nos assertions sur deux points. C’est d’abord au sujet de la confusion entre les Eleuths et les Illiâts qui n’appartient pas à M. Balbi, et qu’il faut restituer à l’un de ses collaborateurs secondaires ; c’est ensuite à propos de l’omission de Tarare et de Saint-Quentin, qui n’est point aussi absolue que nous avions pu le croire. Ces deux villes ne sont oubliées qu’à l’article Commerce, où figure Aix, qui, certes, y avait bien moins de droits qu’elles ; mais comme cités industrielles et importantes, Tarare et Saint-Quentin figurent dans l’Abrégé, même dans l’édition de 1833.

En donnant place à ces lignes, vous prouverez, monsieur, comme nous l’avons fait en les écrivant, qu’une critique conçue et poursuivie en vue de la science, n’exclut pas les ménagemens que l’on doit à des intérêts légitimes et prompts à s’alarmer.Agréez, etc.

Louis Reybaud.
Paris, 26 janvier 1839.

Histoire de l’Europe au xviie siècle, par M. Filon. — L’histoire de l’Europe au XVIe siècle, quand on ne veut pas soumettre absolument et exclusivement la logique à la chronologie, commence à la mort de Louis XI et finit à l’avénement de Richelieu. Plus de cent années de luttes dans les actes comme dans les idées séparent donc ces deux hommes, qui, l’un avec plus de cruauté et moins de grandeur, l’autre avec plus d’élévation de vues et de caractère, tous deux avec la volonté persévérante du génie, ont servi à leur manière et diversement le développement intellectuel et la souveraineté politique de notre pays. Le long intervalle qui sépare Louis XI de Richelieu a été rempli par les plus grands évènemens du monde moderne, par un terrible conflit d’opinions et de croyances, et, si l’on peut dire, par une sorte de fermentation dans les esprits et dans les choses, qu’il appartenait au grand ministre du règne de Louis XIII de régulariser et de tourner au profit de l’état et à la gloire de la France. Sans croire que l’année à laquelle on fait d’ordinaire finir le moyen-âge, je veux dire la prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, soit exactement le dernier terme de ce long période et le vrai