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l’on se refusait à accomplir les formalités que nous indiquons, il faudrait renoncer au ministère ou en former un, malgré la majorité de la chambre, que personne aujourd’hui n’a le droit de regarder comme indécise. La conduite qu’elle tient depuis dix jours ferait une éclatante justice d’une pareille imputation.

Entrer au ministère malgré la majorité de la chambre, nous paraît difficile, sinon impossible. Y entrer avec elle, en adoptant ses principes, et en reniant ceux qu’on a professés dans le projet d’adresse et dans la discussion, ce serait d’abord réhabiliter toute la politique du 15 avril qu’on s’est efforcé de flétrir. Ce serait, en outre, se séparer de la gauche et de l’extrême droite qui sont l’appoint douteux avec lequel la coalition forme le chiffre de sa minorité et se réduire à l’appui des 221. Ce serait donc refaire le ministère du 15 avril moins l’estime de la majorité qui l’a soutenu, même après sa démission, et qui le soutiendrait encore s’il voulait se contenter de 221 voix. Voilà tout ce que gagnerait la coalition à un pareil jeu. Voyons maintenant ce qu’y gagnerait la France.

L’opposition a, sans doute, des principes plus avancés que ceux du gouvernement, puisqu’elle le dit. M. Thiers et M. Guizot sont-ils plus avancés que le ministère du 15 avril ? Nous ne le croyons pas. Leur administration a-t-elle été plus libérale que celle du ministère de l’amnistie ? Quant au système extérieur, M. Thiers blâme l’exécution de la convention d’Ancône, le traité des 24 articles lui semble pouvoir être rejeté, et à ses yeux le traité de la quadruple alliance doit amener une coopération de la France en Espagne ; mais nous ne croyons pas qu’il soit partisan de la réforme électorale, de l’abrogation des lois de septembre et de tout ce que demande l’opposition qui se dit avancée, l’opposition de gauche. Pour M. Guizot, on sait qu’il veut encore moins que M. Thiers toutes ces choses, quand il est de sang froid, quoique dans le feu de la passion il s’avance beaucoup plus loin que le chef du ministère du 22 février, et qu’il ait parlé de reformer la société républicaine Aide-toi, le ciel t’aidera, où il avait pris place en 1830, avant la révolution de juillet. Mais la passion de M. Guizot fera place à son sang froid habituel quand il sera rentré aux affaires, et l’opposition aura encore moins à espérer de lui que de M. Thiers. Ainsi, les chefs de la coalition, admis au gouvernement des affaires, apporteraient avec eux la politique intérieure actuelle et la politique extérieure de l’opposition, c’est-à-dire qu’ils seraient forcés de faire la guerre aux factions, à la gauche, à la république, comme ont fait tous les cabinets depuis 1830, et en même temps la guerre à l’Europe. Ils seraient propagandistes au dehors, et du juste-milieu au dedans ! Qu’on juge de leur force et de l’appui qu’ils trouveraient !

Voilà sur quels principes se fondent les chefs de la coalition pour avoir une majorité quand ils seront ministres ! En attendant, ils ne l’ont pas, c’est un fait clair comme l’arithmétique, et ils veulent que le roi les charge de former un cabinet. N’est-ce pas vouloir que le roi méconnaisse les principes constitutionnels ? N’est-ce pas lui demander de faire abandon de la majorité