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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 janvier 1839.


La coalition commence à jouir de son ouvrage. Elle a fait naître toutes les impossibilités dont elle nous menaçait, et elle a même dépassé son programme, car elle-même ne saurait rien réaliser. Voilà pourtant un an que tous ceux qui s’intitulent les seules capacités du pays ont uni leurs efforts pour aboutir à une telle œuvre !

Il y a un an, les doctrinaires appuyaient le ministère. Quelles étaient alors leurs conditions ? Il n’y en avait aucune. Le ministère leur semblait alors sans doute parlementaire dans son origine et dans ses actes, puisqu’ils le soutenaient. À leurs yeux, ce n’était ni un ministère funeste, comme l’a dit M. Guizot, ni un ministère qui méritât toutes les injures que lui a adressées M. Duvergier de Hauranne. D’où vient donc ce changement complet du parti doctrinaire ? Se sentant alors impossible, puisqu’il sortait des affaires, voulait-il faire garder sa place par le ministère actuel, et la défendre contre M. Thiers et le centre gauche, qui voulaient s’en emparer ? Le ministère du 15 avril n’était pas alors funeste aux yeux de M. Guizot ; on ne l’honorait pas d’une épithète de si grande importance. C’était le petit ministère. Le petit ministère, en grandissant, a vu ses ennemis se déclarer plus hautement ; et comme s’ils s’étaient sentis diminués eux-mêmes, ils se sont mis en faisceau pour agir. Le centre gauche a appelé à lui le parti radical ; les doctrinaires ont eu recours aux légitimistes, et chacun a apporté sa cotisation dans l’entreprise qu’ils tentent en commun. Dans tout cela, nous l’avons démontré, il ne reste pas la moindre place pour les principes. C’est presque une question de force matérielle, et matériellement, en effet, le but a été atteint, puisque depuis dix jours nous n’avons plus de ministère. Si la coalition avait été en mesure de le remplacer, il ne nous resterait plus qu’à garder le silence en présence d’un malheur accompli. Mais dans la situation où nous sommes, quelques paroles de bonne foi ne seront pas de trop.

M. Guizot a résumé toutes ses accusations contre le ministère du 15 avril par un mot. Il a dit que le ministère a été funeste à la France. Nous serions