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DES SYSTÈMES HISTORIQUES.

succès en 1801, et dont la vogue, affaiblie sous l’empire, parut se ranimer dans les premières années de la restauration[1]. En voici quelques fragmens :


« Aujourd’hui que la révolution la plus pure dans ses principes et la plus complète dans ses effets a fait justice de toutes les usurpations et de toutes les tyrannies, un jour nouveau luit sur notre histoire. Il faut donc, mon enfant, l’approfondir mieux et t’attacher à y voir, sans déguisement, 1o  l’injustice des origines de tant d’autorités et de priviléges aristocratiques que la révolution a anéantis, 2o  l’excès des maux qu’ils avaient accumulés sur la nation. C’est par là que tu pourras juger sainement de la nécessité de la révolution, de son importance pour la prospérité nationale, et par conséquent de l’obligation où nous sommes tous de concourir de tous nos efforts à sa réussite[2].

« La révolution a aboli la royauté. Nous avons vu que la royauté avait envahi la souveraineté nationale ; cette usurpation fut faite par les premiers successeurs de Clovis qui changèrent leur qualité de premiers fonctionnaires de la république en celle de monarques souverains. Mais le pouvoir monarchique, n’ayant jamais été délégué aux Mérovingiens par le peuple, fut une véritable tyrannie ; car la tyrannie est proprement l’usurpation de la souveraineté nationale. Le peuple a eu le droit incontestable d’abolir cette royauté dont l’origine ne peut être justifiée[3].

« Tu as vu, mon enfant, ce que firent les rois des deux premières races… Ils furent les premiers instrumens de l’oppression du peuple. Hugues Capet et sa race eurent aussi les mêmes torts envers la nation, tant parce qu’ils perpétuèrent, à leur profit, l’usurpation de la souveraineté nationale, que parce qu’ils ne s’occupèrent jamais sincèrement du soulagement du peuple… Louis XVI n’avait pas d’autre droit au trône que celui dont il avait hérité de Hugues Capet, et celui-ci n’avait aucun droit. Si Charles, duc de Lorraine, avait été le plus fort, il aurait fait condamner Hugues Capet comme un sujet rebelle et factieux ; si le peuple français avait été en état de défendre ses droits, il aurait puni Hugues Capet comme un tyran. Le temps qui s’est écoulé jusqu’à Louis XVI n’avait pas pu

  1. Il y eut une édition stéréotype ; la dernière est de 1820.
  2. Abrégé des révolutions de l’ancien gouvernement français, pag. 69, édition de 1820.
  3. Ibid., pag. 92.