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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 décembre 1838.


Après une discussion du plus haut intérêt, l’adresse vient d’être votée par la chambre des pairs, et, hier, M. le président du conseil et M. le ministre de l’intérieur se sont rendus auprès de la commission chargée, par la chambre des députés, de rédiger son projet d’adresse. On sait que cette commission renferme six des adversaires les plus hautement déclarés du cabinet actuel. Nous ne disons pas que les explications et les réponses du ministère sont condamnées d’avance par les membres de la commission que nous venons de désigner ; mais on peut, sans trop s’avancer, affirmer qu’elles seront mal accueillies. M. Guizot, M. Duvergier de Hauranne, qui font partie de la commission, n’entendent pas, sans doute, y tenir un langage différent de leurs derniers écrits ; et si la pensée de M. Thiers diffère beaucoup de celle du Constitutionnel, nous en serions agréablement surpris. Nous ne parlons que des opinions livrées déjà à la publicité ; quant aux autres, quelle que soit l’animosité avec laquelle elles s’expriment, nous devons attendre leur manifestation dans la chambre pour les constater.

C’est donc devant la chambre que le ministère devra porter ses meilleures explications. Il a déjà su montrer, à la chambre des pairs, devant des ennemis moins nombreux il est vrai, mais éloquens et habiles, que la discussion publique ne lui est pas fatale. Il trouvera, dans la chambre des députés, des oreilles attentives et des esprits désintéressés, prêts à suivre leur conviction.

On parle diversement de l’attitude prise par les différens commissaires de l’opposition dans la discussion du projet de l’adresse ; mais on paraît tomber d’accord sur ce point que les deux membres de la commission qui pourraient le plus prétendre à remplacer les ministres actuels, ont affecté une modération qui ne se retrouve ni dans l’esprit ni dans le langage de leurs amis les plus proches. Quant au projet d’adresse, on s’efforce, dit-on, de répandre une grande réserve dans ses termes. En se laissant porter dans la commission de l’adresse, les anciens ministres et ceux qui prétendent l’être, se sont placés dans une situation qui embarrasserait peut-être des gens de moins d’esprit. Après les épithètes qu’ils ont attachées au ministère et à ses actes, il serait