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données à elles-mêmes, nous commande d’apprécier d’abord la valeur d’un exemple tout différent que vient de donner la Belgique, en exécutant les chemins de fer avec les fonds de l’état. Il y a à voir si la France doit se régler sur la Belgique plutôt que sur l’Angleterre et les États-Unis.

Avant toute chose, nous avouerons sincèrement que nous penchons vers le système qui voudrait confier à l’état les travaux de la nouvelle viabilité. Il y a pour cela plusieurs motifs considérables, que nous ne serions pas embarrassé de défendre théoriquement. Mais il nous faut convenir que le succès de la Belgique est le seul jusqu’à présent, dans la pratique, dont on puisse faire un argument en faveur de cette thèse. En bonne conscience, ce n’est pas notre triste opération des canaux qu’il faudrait mettre en avant, n’en déplaise à certaines apologies récemment échappées à des écrivains trop amoureux du paradoxe.

La Belgique, donc, dans ce système, est notre unique modèle vivant, agissant et palpable. Par malheur, il agit encore, et les résultats définitifs de son action unitaire, sous l’impulsion de son gouvernement, ne peuvent être qu’imparfaitement jugés. Toutefois ce qu’on en connaît déjà est de nature à satisfaire l’observateur ; aussi ne nous reste-t-il qu’à insister sur quelques-unes des différences qui s’interposent entre la Belgique et la France, et réduisent la seconde à n’imiter la première, si même elle s’y décide, qu’avec choix et discrétion.

Inutile de rappeler ici l’incomparable concentration de la population dans ce petit royaume belge, qui compte quatre millions d’habitans, c’est-à-dire le huitième environ de la population française, sur un sol qui n’est que le seizième du nôtre : c’est là un de ces avantages qui restent long-temps le privilége du peuple qui les possède ; les imiter, se les approprier, c’est l’ouvrage des siècles.

Mais la Belgique a apporté en aide à son gouvernement, pour l’exécution des voies nouvelles, d’autres facilités et d’autres moyens de succès. Ainsi, comme elle ne comprend, indépendamment des parcelles qu’elle tient à conserver dans le Limbourg et le Luxembourg, que la valeur de neuf départemens de l’ancien empire français[1], son peu d’étendue a permis de remettre la confection de son réseau de chemins de fer et la responsabilité de tous les soins multipliés qui s’y rattachent,

  1. Les départemens de la Lys, de l’Escaut, de Jemmapes, de la Dyle, des Deux-Nèthes, de Sambre-et-Meuse, de l’Ourte, de la Meuse-Inférieure, des Forêts.