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LETTRES DU NORD
ET
DU MIDI DE L’EUROPE.

LA SICILE.

ii.[1]

Après avoir passé l’île d’Ustica, ce lieu d’exil des condamnés politiques, qui semble placée là pour vous annoncer que ce n’est pas une terre libre que vous allez fouler, on aperçoit Palerme, Palerme, la conca di oro e città felice, comme la nommaient les poètes siciliens, quand il y avait des poètes en Sicile, la città fedelissima, comme elle s’intitulait elle-même, chaque fois qu’elle envoyait une députation à Naples, après quelqu’une de ses révolutions. L’artiste le plus habile n’eût pas mieux disposé et découpé cette côte, pour la rendre imposante, et en faire un tableau ravissant et complet. Dès que l’on a doublé le cap Gallo, la terre décrit un vaste hémicycle qu’on peut embrasser avec la lunette marine. À l’une de ses extrémités s’élèvent les rochers noirs du cap Gallo, et à l’autre extrémité, vers l’est, une haute montagne conique, qui est le cap Zaffarano, où croît le safran.

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1838.