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L’ANGLETERRE DEPUIS LA RÉFORME.

Cependant, lorsqu’on veut étudier ce parti en lui-même sans s’arrêter aux embarras de sa position équivoque, il devient possible d’indiquer assez clairement, sinon son but définitif, du moins son symbole actuel. Pendant que les plus violens radicaux ont, depuis la réforme, succombé aux élections, la phalange des radicaux modérés s’est notablement agrandie, et son drapeau a été rallié par plusieurs adhérens du ministère whig.

« Cette opinion, dit son principal organe périodique, compose la grande majorité du parti réformiste dans la haute et la moyenne classe. Elle est spécialement formée d’hommes qui arrivent à la vie politique, ou dont les opinions ont marché avec les évènemens. N’approuvant pas les attaques contre le cabinet, ils désirent sincèrement pouvoir appuyer les ministres. Ils veulent très formellement un roi, une chambre des pairs et une chambre des communes. Il ne leur est pas généralement démontré qu’un changement organique soit rigoureusement nécessaire dans la constitution de la pairie. Ils sont opposés au suffrage universel. Un certain nombre d’entre eux veulent le maintien de l’établissement ecclésiastique, non pas tel que les tories l’ont fait, mais cependant beaucoup moins radicalement modifié dans sa constitution que nous l’estimerions nécessaire dans le double intérêt de la religion et de l’état.

« Mais ces hommes, tout opposés qu’ils soient aux opinions extrêmes, sont unanimes pour réclamer le vote secret, la seule mesure qui puisse assurer le maintien au pouvoir du cabinet whig lui-même, la conquête la plus morale et la plus urgente à tenter… Ces mêmes hommes sont favorables à des mesures qui abrégeraient la durée des parlemens et réduiraient les dépenses des élections ; ils demandent l’abolition du paiement préalable des taxes[1], la réunion en districts des petites circonscriptions électorales ; ils sont pour le changement des lois céréales. Dévoués, comme plusieurs le sont, au principe de l’établissement religieux en Angleterre, ils ne reconnaissent aucune des conditions qui légitiment une institution semblable dans la monstrueuse anomalie désignée sous le nom d’église d’Irlande, église imposée à un peuple conquis par une poignée d’étrangers qui ont confisqué leurs terres, et les ont poursuivis pendant des siècles comme des bêtes fauves. Telles sont, nous l’affirmons, les doctrines domi-

  1. The rate paying clauses. Ceci s’applique à l’obligation aujourd’hui imposée au censitaire d’acquitter sa taxe avant d’user de son droit, difficulté qui, selon l’opposition, aurait considérablement réduit le corps électoral comparativement à ce qu’il devait être d’après le reform-bill.