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LE COMMERCE DÉCENNAL.

commerce des trois puissances. Nous ne considérons cependant pas comme d’une grande importance l’erreur qui les ferait employer comme chiffres absolus.

Chacun des documens des trois nations indique les lieux de provenance et de destination du mouvement commercial. On peut reprocher aux tableaux fournis par les douanes françaises de réunir en un seul chapitre, en se guidant uniquement sur la possession politique, des pays qu’il conviendrait de séparer. Ainsi Gibraltar, Malte, les îles Ioniennes, devraient être soigneusement distingués des îles britanniques formant le royaume-uni. Les rapports de la France avec les états allemands et avec la Prusse ont lieu par terre ou par mer, et il devrait dans ce cas-là, comme pour les états sardes, l’Espagne et même la Belgique, exister une division qui indiquât le mode de communication. Il n’est point non plus indifférent de savoir quelle portion de notre commerce avec la Russie a lieu dans la Baltique, et quelle portion est réservée à la mer Noire ; il serait encore utile de considérer à part les côtes d’Espagne sur l’Océan et celles de la Méditerranée, car un intérêt bien grand se rattache à l’étude du commerce spécial de cette dernière mer. En total, il y aurait sept ou huit divisions nouvelles à ajouter à celles dont on fait usage. Cette addition permettrait un plus grand nombre de points de comparaison avec les documens, beaucoup plus détaillés, de la Grande-Bretagne, et surtout avec ceux des États-Unis.

§ III. — commerce décennal de la france.

Nous allons examiner, en nous servant de nombres ronds, comment s’est réparti le commerce décennal, dont nous avons présenté le résumé. La période de 1827 à 1836 offre des oscillations qui nous ont engagé à la partager en groupes successifs de trois années, laissant à part l’année 1836, dont les résultats sont beaucoup au-dessus de la moyenne. On ne peut prendre comme base une excitation extraordinaire, qui sera nécessairement modifiée quand on la groupera avec 1837, dont les documens ne sont pas encore publiés, et avec 1838, qui n’a pas terminé son cours.

La France a un commerce de terre qui exprime non-seulement ses propres affaires, mais encore celles des peuples qui empruntent son territoire, au moyen du transit qui se fait tant d’une frontière de terre à l’autre qu’entre la mer et les frontières de terre. Ce mouvement tend à s’accroître d’autant plus, que les facilités qui lui ont été accordées sont encore d’une date récente. Quant au commerce maritime, une partie se fait en concurrence avec l’étranger, sous la restriction de droits différentiels de douane, droits qui, sauf le cas de réciprocité convenue avec quelques peuples, assure à notre pavillon la préférence pour l’importation de presque tous les objets nécessaires à notre consommation. L’autre partie du commerce maritime est prohibée aux pavillons étrangers ; elle comprend la navigation entre la métropole et