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s’accommoder d’un système duquel on n’ose rien attendre de mieux que de n’être pas un obstacle aux améliorations progressives !

Lorsque la nécessité d’une loi se fait sentir, soit au parlement, soit au cabinet, les pouvoirs publics restent dénués de tous moyens d’information. À qui s’adresserait en effet le gouvernement central, lorsqu’il s’agit de mesures affectant la police générale, la viabilité, les subsistances, etc ? Quel concours suivi peut-on attendre et quelles recherches laborieuses réclamer d’agens gratuits placés hors de tout contrôle, et toujours choisis par le seul fait de leur position sociale ? S’il s’agit de modifier la législation financière, d’étendre ou de restreindre la circulation du papier-monnaie, de faire face aux exigences de ces crises soudaines, si fréquentes dans un pays où le numéraire métallique est dans une telle disproportion avec la masse de la richesse nationale, l’échiquier n’est-il pas exposé à manquer de données précises et de concours, lorsqu’à part les nombreux agens de l’excise, qui sont des collecteurs de deniers plutôt que des administrateurs dans le sens propre de ce mot, le crédit public n’est pas soutenu, dans les comtés, par des hommes spéciaux, et que le ministère des finances se résume, à proprement parler, dans un compte courant avec la banque d’Angleterre ?

Les difficultés sont plus grandes encore pour les services complètement indépendans de leur nature, comme l’instruction publique. Ici la législature, aussi bien que le gouvernement, se trouvent privés de tout enseignement sur le véritable état des choses, de tout moyen de corriger les abus même les plus révoltans. Quant à une impulsion pour l’application des meilleures méthodes, le pouvoir excéderait ses attributions, s’il songeait seulement à y aspirer. Les universités et en général tous les établissemens d’instruction sont des unités indépendantes l’une de l’autre, aussi bien que du gouvernement central ; elles sont parce qu’elles sont ; et toute interférence de l’état en ce qui touche au mode de l’enseignement comme aux exclusions qu’il leur convient de porter, toute ingérence dans la discipline ou les statuts d’établissemens vivant ainsi par eux-mêmes, serait évidemment contraire à l’esprit de la constitution britannique. Ceci a été établi avec succès, même depuis la réforme, pour écarter les réclamations des dissidens, auxquels demeure interdit l’accès des universités où se confèrent les grades académiques, puisque la signature des 39 articles de la confession anglicane est encore une condition préalable d’admission.