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Merowig, fut élu par le suffrage commun des deux peuples réunis[1]. Après avoir établi nos origines nationales sur cette base étrangement romanesque, Hotman tire de toute la suite de l’histoire de France les propositions suivantes, où le lecteur ayant quelque notion de la science actuelle fera facilement et sans aide la part du faux et du vrai :

« Chlodowig fils de Hildérik, ayant enlevé aux Romains ce qui leur restait de territoire, chassé les Goths et soumis les Burgondes, le royaume fut constitué politiquement dans toute son étendue. La royauté se transmit par le choix du peuple, quoique toujours dans la même famille ; le peuple fut le vrai souverain et fit les lois dans le grand conseil national, appelé, selon les temps, champ de mars, champ de mai, assemblée générale, placite, cour, parlement, assemblée des trois états. — Ce conseil jugeait les rois, il en déposa plusieurs de la première et de la seconde race, et il fallut toujours son consentement pour ratifier, à chaque nouveau règne, la succession par héritage. — Charlemagne n’entreprit jamais rien sans sa participation. — Le pouvoir de régir et d’administrer ne résidait pas dans tel ou tel homme décoré du titre de roi, mais dans l’assemblée de tous les ordres de la nation où était le vrai et propre siège de la majesté royale[2]. L’autorité suprême du parlement national s’est maintenue intacte jusqu’à la fin du règne de la seconde race, c’est-à-dire pendant cinq siècles et demi. — Le premier roi de la troisième race lui porta une atteinte grave en rendant héréditaires les dignités et les magistratures, qui auparavant étaient temporaires et à la nomination du grand conseil ; mais ce fut probablement de l’aveu de ce conseil lui-même. — Une atteinte plus grave encore lui vint des successeurs de Hugues Capet, qui transportèrent à une simple cour de justice le droit de ratifier les lois, et le nom auguste de parlement. — Toutefois le conseil de la nation garda la plus haute de ses anciennes prérogatives ; il continua de faire acte de souveraineté dans les grandes circonstances et dans les crises politiques. — On peut suivre la série de ses actes jusqu’après le règne de Louis XI, qui fut forcé par une rébellion nationale, dans la guerre dite du bien public, à reconnaître la suprématie des états du royaume et à s’y soumettre[3]. » Ainsi, ajoute l’auteur, en concluant et en essayant d’amener vers un

  1. Franco Gallia pag. 38, 40.
  2. Ibid., pag. 41, 67, 69, 71, 73, 76, 80, 82, 88, 109, 111.
  3. Ibid., pag. 112, 118, 120, 121, 122, 123, 124, 126,