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LA
PUCELLE DE CHAPELAIN
ET
LA PUCELLE DE VOLTAIRE.

II.
VOLTAIRE.

Chapelain croit à la vocation de Jeanne d’Arc, et c’est la foi qu’il a dans cette libératrice de la France qui l’a inspiré. À voir les beaux vers qu’a su trouver, sur Jeanne d’Arc, ce poète tant bafoué, il est évident que la foi a passé par là. Il n’y a qu’elle qui ait pu élever à cette hauteur d’inspiration la faiblesse naturelle du poète. Dans Voltaire, c’est l’effet opposé. Le poète est grand, mais son incrédulité l’abaisse ; elle corrompt son génie : à voir dans la Pucelle de Voltaire tant de vers languissans, que le poète a en vain essayé de réchauffer par la débauche, et qui sont cyniques et obscènes sans être énergiques, il est évident aussi que l’impiété a passé par là, et la pire des impiétés, parce qu’elle n’a pas même cette apparence de grandeur que l’orgueil semble donner à qui ose nier Dieu. Nier Dieu, cela peut paraître hardi ; mais nier la grandeur d’une pauvre servante qui se dévoue à la délivrance de son pays ; qui, lorsque la noblesse, le