Il a laissé du pur descriptif lui-même ; sa Maison rustique (l’ancien Verger refondu) n’est pas autre chose. N’oublions pas pourtant que ce Verger qui parut en 1788, fort court et un peu pressé entre notes et préface, était encore une protestation indirecte contre la manie du jour, un sous-amendement respectueux au poème des Jardins. Fontanes se sauvait dans le verger pour faire de là opposition, pour jeter en quelque sorte son caillou de derrière les saules. Il s’élevait fort contre ces colifichets soi-disant champêtres, contre cette négligence acquise à grands frais,
On voit que M. de Fontanes n’était pas un homme de révolution ;
Tout écumant de feux, tu jaillis dans les airs.
De sept rayons premiers ta tête est couronnée :
L’antique Nuit recule, et par toi détrônée,
Craignant de rencontrer ton œil victorieux,
Te cède la moitié de l’empire des cieux.
Et Manilius, au livre ier, passant en revue les différentes origines possibles du monde, soit l’absence d’origine, l’éternité, soit la création du sein du chaos, dit avec une précision qui certes a aussi sa beauté :
Seu permixta cahos rerum primordia quondam
Discrevit partu, mundumque enixa nitentem
Fugit in infernas caligo pulsa tenebras.
En feuilletant ces livres de Manilius, où les noms des constellations amènent d’intéressans épisodes, comme celui d’Andromède, et où les rêveries astrologiques n’étouffent pas tant de beaux passages inspirés par le panthéisme, par l’idée de la parenté de l’homme avec le ciel et par la conscience sublime des hauts mystères, on conçoit un grand poème dont, en effet, celui de Fontanes ne serait que l’essai.