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au pouvoir par une conviction, il en est sorti de même, et combat généreusement pour cette conviction. Mais les doctrinaires ! Ils disent qu’ils sont mécontens du gouvernement représentatif, tel que l’entendent le pouvoir, les députés et les électeurs ; et les doctrinaires ne veulent pas de la réforme électorale.

Ils accusent le roi de régner trop, et ils protestent qu’ils ne sont pas révolutionnaires.

Ils déclarent que le ministère n’est qu’un instrument dans la main du roi, un cabinet complaisant et servile, et ils ont été accusés de la même faiblesse.

Ils maudissent l’impuissance de notre diplomatie en Espagne, et ils ne veulent pas d’intervention en Espagne.

Ils parlent de corruption, et quand ils seront au pouvoir, vous les verrez faire ce qu’ils ont déjà fait, et parler de l’impossibilité de gouverner sans fonds secrets. Enfin, ils trouvent que le gouvernement s’en va, et ils l’affaiblissent en l’attaquant avec fureur, dans celui qui le donne, dans ceux qui l’exercent et dans ceux qui le soutiennent.

L’explication de tout ceci, c’est que l’opposition d’extrême gauche et de gauche modérée sont des oppositions ou exagérées, ou rudes, ou colères, mais que ce sont des oppositions politiques, tandis que celle des doctrinaires n’est qu’une misérable intrigue.


— Un journal, qui défend le gouvernement à sa manière, prétend que le directeur de la Revue des Deux Mondes a sollicité la place occupée honorablement, depuis quarante ans, par M. Sauvo, rédacteur en chef du Moniteur. Ce journal prend occasion de cette fausse supposition pour jeter force injures à la Revue des Deux Mondes, qu’il nomme malencontreuse, et à son directeur, qu’il croit rabaisser en lui donnant le titre d’imprimeur. On pourrait faire observer aux écrivains et aux gérans du journal en question qu’ils auraient mauvaise grace à dédaigner ce titre après avoir sollicité et obtenu de M. Guizot des brevets d’imprimeur dont ils ont fait un utile usage. Mais il est des injures auxquelles on ne répond pas, et nous ne sommes pas de ceux qui pensent qu’il est bon d’être défendu et loué par toutes sortes de personnes.

Quant à l’épithète de malencontreuse, donnée à la polémique de la Revue des Deux Mondes, nous ferons observer qu’une feuille malencontreuse pour le gouvernement qu’elle défendrait serait celle où l’on prônerait l’alliance de la France avec la Russie en déclamant contre l’alliance anglaise, où l’on attaquerait le parti constitutionnel en Espagne et le gouvernement de la reine pour exalter les carlistes espagnols, et où l’on trouverait, comme on a pu le voir il y a deux jours, des articles orangistes qui semblent appeler la restauration du gouvernement néerlandais en Belgique. Que sont, en réalité, des défenseurs qui ne donnent ni force, ni considération ?

Quant au Moniteur, il est faux d’abord que M. Buloz ait jamais ambitionné la place de M. Sauvo, lequel est, comme nous le savons, plus attristé que personne des éloges qu’on lui a donnés pour mieux injurier un autre. Puis, il est