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LE
VANDALISME
EN 1838.

Nous sommes engagés en ce moment dans une lutte qui ne sera pas sans quelque importance dans l’histoire, et qui tient, de près et de loin, à des intérêts et à des principes d’un ordre trop élevé pour être effleurés en passant. En fait, il s’agit simplement de savoir si la France arrêtera enfin le cours des dévastations qui s’effectuent chez elle depuis deux siècles, et spécialement depuis cinquante ans, avec un acharnement dont aucune autre nation et aucune autre époque n’ont donné l’exemple ; ou bien si elle persévérera dans cette voie de ruines, jusqu’à ce que le dernier de ses anciens souvenirs soit effacé, le dernier de ses monumens nationaux rasé, et que, soumise sans réserve à la parure que lui préparent les ingénieurs et les architectes modernes, elle n’offre plus à l’étranger et à la postérité qu’une sorte de damier monotone peuplé de chiffres de la même valeur, ou de pions taillés sur le même modèle.

Quoi qu’il en soit, et quel que doive être le résultat des tentatives actuelles en faveur d’un meilleur ordre de choses, il est certain qu’il y a eu, depuis un petit nombre d’années, un point d’arrêt ; que si le fleuve du vandalisme n’en a pas moins continué ses ravages périodiques, du moins quelques faibles digues ont été indiquées plutôt qu’élevées, quelques clameurs énergiques ont interrompu le silence coupable et stupide qui régnait sous l’empire et la restauration. Cela suffit pour signaler notre époque dans l’histoire de