Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/420

Cette page a été validée par deux contributeurs.
416
REVUE DES DEUX MONDES.

de se demander ce que deviendrait le pays, si l’opposition triomphait, et si le ministère tombait devant de telles attaques ; en un mot, ce que serait un cabinet né de circonstances semblables.

Nous avons vu que les divers organes de la presse opposante ont affiché la prétention, quelques-uns de parler au nom des hommes les plus influens de l’opposition de la chambre, et d’autres, celle de les compter parmi leurs collaborateurs. Il s’ensuit que l’opposition de la presse doit être regardée, en l’absence de la chambre, comme l’organe de l’opposition parlementaire ; et, puisque tous les intérêts et tous les principes ont été mis en commun, il n’y a pas la moindre injustice et la moindre exagération à établir une sorte de solidarité entre tous les membres des partis coalisés. Qu’a donc voulu l’opposition depuis la séparation de la chambre, et quel est en ce moment le programme des exigences et des volontés qu’elle a mises au jour par ses divers organes réunis dans un but commun ?

D’abord la réforme électorale, formulée pour les uns, et c’est le plus grand nombre, par le principe du suffrage universel ;

L’abolition de la législation de septembre, également demandée par une majorité dans l’opposition ;

L’intervention du gouvernement français en Espagne, question qui compte encore moins de dissidens dans l’opposition que les deux questions précédentes.

En ce qui est des autres questions extérieures, l’opposition voulait encore qu’on renonçât à exiger l’expulsion de M. Louis Bonaparte ; elle veut qu’on déclare la guerre à l’Europe plutôt que de laisser exécuter le traité des 24 articles que la France a signé. Elle exige, en outre, pour première garantie, que la chambre se mette sous la présidence de M. Odilon Barrot, et pose encore, comme condition de son entrée au pouvoir, quelques articles sur lesquels nous aurons à revenir. Mais examinons d’abord ceux-ci.

Il y aura bientôt deux ans que M. Thiers reconduisit M. Guizot, qui venait lui proposer une alliance, et avec cette alliance un portefeuille ministériel, en lui disant : « Les hommes sans les choses ! » En effet, les choses sont restées en dehors de l’alliance qui a eu lieu depuis, si bien restées, qu’une feuille qui se donne pour l’organe du parti doctrinaire, se montre, sans trop d’embarras, favorable à l’intervention en Espagne. D’un autre côté, un journal qui passe pour renfermer la pensée de M. Thiers disait, il y a peu de jours, que M. Thiers est partisan de l’intervention, comme il l’a toujours été. L’opposition avait cependant donné à entendre, vers la fin de la dernière session, que l’opinion de M. Thiers à l’égard de l’Espagne avait éprouvé quelques modifications.

Espère-t-on ramener la chambre élective à l’intervention. ? Cette opinion se présente-t-elle avec plus d’avantage que l’an dernier ? Nous le verrons tout à l’heure.

Plus que personne nous avons admiré la conduite de M. Thiers quittant