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que M. Capefigue est à notre histoire nationale, et ceci est loin d’être un compliment. Je pourrais noter aussi des inexactitudes dans les autres parties du travail de M. Dussieux, qui paraissent avoir été rédigées pourtant avec plus de soin et de meilleures informations. Quoi qu’il en soit, l’idée de faire en abrégé, pour les beaux-arts, ce que M. Las-Cases avait accompli pour l’histoire, était heureuse, et l’opuscule de M. Dussieux, malgré son insuffisance et ses défauts, n’en a pas moins une certaine utilité.


Précis de l’Histoire du droit civil en France, par M. Poncelet[1]. — Au moment où l’attention générale se porte sur la réforme et le perfectionnement de l’étude du droit dans les diverses Facultés de France, et où l’on songe à rendre enfin à notre pays ces fortes études dont les étrangers empruntent la première source à notre Cujas et à notre Dumoulin, tandis que nos jeunes juristes sont obligés, aujourd’hui, d’aller le plus souvent apprendre en Allemagne, sinon la partie pratique, au moins la partie scientifique et théorique de la législation ; dans un pareil moment, disons-nous, l’histoire du droit acquiert un intérêt nouveau. À ne considérer exclusivement que la France, les matériaux du droit écrit et coutumier sont nombreux, les monumens de toute sorte abondent ; mais les travaux exécutés dans les deux derniers siècles n’ont guère avancé la science. Que de jour cependant l’histoire elle-même, l’histoire des institutions et des mœurs, ne recevrait-elle pas d’une étude approfondie du droit français dans ses modifications et ses phases diverses ! Le jeune et savant Klimrath, dont on a distingué les travaux sur les Olim et sur les Coutumes, avait amassé de nombreux documens qu’il eût sans doute (à en juger par les écrits trop peu nombreux qui nous restent de lui) su mettre en œuvre avec perspicacité et conscience ; mais l’espérance qu’on pouvait fonder sur son ardeur scientifique et sur son érudition active a été déçue par une mort prématurée. Les comités historiques, créés près le ministère de l’instruction publique, ont songé à l’impression des curieux documens laissés en manuscrit par Klimrath ; nous ne saurions trop approuver cette résolution, et en publiant le Précis de l’Histoire du Droit civil en France, d’après le cours de M. Poncelet, un avocat distingué, M. Rapetti, a prouvé qu’il s’acquitterait avec intelligence du classement difficile des textes légués par Klimrath et des travaux préliminaires qu’exigera la publication qu’on doit lui confier.

À côté de Klimrath, d’autres essais ont été tentés, parmi lesquels il faut mettre à part l’Histoire du Droit français de M. Laferrière, qui a fait créer pour cet écrivain une chaire à la Faculté de Rennes. En attendant que nous puissions parler à loisir de cette œuvre importante, il est convenable d’examiner le Précis de M. Poncelet, qui aura, par sa brièveté même, une influence puissante et bien plus directe sur l’enseignement de nos écoles, et par là sur l’avenir de la science.

  1. vol. in-8o, chez Joubert, rue des Grès, 14.