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EXPÉDITION AU SPITZBERG.

d’une vie aventureuse. Avant de porter la couronne, il avait manié la lourde épée du Vikingr. Après avoir subjugué l’un après l’autre les divers partis qui s’opposaient à son avénement au trône de Norwége, il se bâtit une demeure auprès de l’embouchure du Nid (997). C’est là le commencement de cette cité de Nidaros (maintenant Drontheim), dont le nom se retrouve si souvent dans les anciennes sagas. Trente ans plus tard, un autre roi construisit une église à côté de la demeure royale, et l’église enrichit la ville naissante.

Le christianisme, énergiquement et quelquefois cruellement défendu par Olaf, n’avait encore fait que des progrès assez incertains, et, sous la domination des deux jarl qui lui succédèrent, la religion païenne reprit son ascendant. Mais un homme vint qui acheva par l’épée l’œuvre de conversion entreprise par le raisonnement : c’était Olaf II. Il s’en alla de district en district, suivi de trois cents soldats, brisant lui-même avec la hache les statues de Thor et d’Odin, prenant les biens de ceux qui refusaient de croire à l’Évangile et condamnant à mort les plus rebelles.

Cette manière de prêcher révolta contre lui ses sujets. Canut-le-Grand encouragea leur sédition, et Olaf, vaincu dans plusieurs rencontres et voyant son parti diminuer de jour en jour, s’enfuit en Suède, puis en Russie. Pendant ce temps, Canut entrait à Drontheim avec une escorte, disent les chroniques, de quatorze cents navires. Dans la ferveur de son zèle, Olaf, dépouillé de sa couronne, avait d’abord pensé à se faire moine ou à s’en aller en pélerinage à Jérusalem ; mais une nuit il vit apparaître en songe son prédécesseur Olaf Tryggvason, qui lui conseilla de retourner en Norwége. Il débarqua sur la côte à la tête de quatre mille hommes, et fut attaqué dans la plaine de Stikklestœd par dix mille paysans. Après un combat violent, qui se prolongea pendant plusieurs heures, il fut accablé par le nombre, et mourut sur le champ de bataille (1er  août 1030).

Ce prince, que les Norwégiens n’avaient pas voulu garder pour roi, devint un saint ; il fit des miracles, et fut invoqué religieusement par ceux qui l’avaient maudit. Son corps avait été enseveli par un de ses partisans à l’endroit où s’élève aujourd’hui une des chapelles de la cathédrale. Un an après, quand on le retira de cette sépulture, non-seulement ses membres n’avaient subi aucune altération, mais sa barbe et ses ongles avaient grandi comme s’il n’avait pas cessé de vivre, et sur le sol où il reposait, on vit jaillir une source d’eau qui avait la vertu de guérir les malades. Le jour de sa mort devint un jour de solennité en Norwége et dans plusieurs autres contrées. Le peuple, qui l’avait chassé, le béatifia et en fit un héros. La légende de saint Olaf, racontée par les moines, vénérée par les paysans, courut de montagne en montagne, de famille en famille, grandissant et se modifiant sans cesse selon les lieux et les circonstances. Aujourd’hui encore, on la retrouve dans tous les districts de la Norwége. Il n’est pas de vieille femme qui ne puisse en raconter quelque chapitre, et pas d’enfant qui, en allant à l’école, n’apprenne à connaître le nom de saint Olaf. Ici on montre le roc desséché d’où il fit