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EXPÉDITION
DE
LA RECHERCHE
AU SPITZBERG.

i.
DRONTHEIM.

Nous venions de traverser les campagnes de Vollan et de Locknes avec leurs fermes en bois spacieuses et solidement bâties, leurs vallées où les épis de seigle mûrissent en quelques mois, et leurs coteaux où la rivière écume, scintille et se perd entre les rochers. Ces points de vue rians et pittoresques disparurent peu à peu, et nous nous trouvâmes sur un sol nu et plat, traversé çà et là par de larges bandes de sable, pareil à une grève sans eau. Au loin nous n’aperçûmes qu’un guard et quelques champs ensemencés. La terre avait une teinte grisâtre, et tout autour de nous paraissait triste et sans vie. Nous savions que Drontheim était près de là, et nous détournions avec joie nos regards de cette plaine aride par laquelle il fallait passer, dans l’espoir de découvrir à l’horizon les murs de cette ville que nous aspirions à voir depuis long-temps. Mais les chemins, minés par le dégel et creusés par les charrettes des paysans, étaient difficiles à suivre et dangereux en certains endroits. À chaque instant notre voiture tombait dans de profondes ornières, et, de peur