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REVUE. — CHRONIQUE.

reux pays ne s’est nullement amélioré. Le ministère de M. le duc de Frias ne semble exister que dans la Gazette de Madrid. Cependant il est sorti tout récemment du provisoire et de l’intérim. M. de Valgornera, beaucoup plus connu en politique sous le nom de Torremejia, et M. de Montevirgen, ont définitivement consenti à garder les portefeuilles dont ils n’étaient que les dépositaires. On a appelé au ministère de la guerre le général Alaix, qui vient d’être battu en Navarre, et qui ne devait pas se trouver à Madrid au moment de sa nomination, car je crois qu’il est retenu à Pampelune par les suites d’une blessure reçue dans sa dernière affaire avec les carlistes. Enfin on a trouvé un ministre de la marine ; c’est un sous-secrétaire-d’état, appelé M. de Ponzoa. Je ne pense pas que ce nouveau ministre ait jusqu’à présent beaucoup fait parler de lui. Il est possible que définitivement constitué, ce ministère n’offre plus le spectacle des tiraillemens et de l’impuissance qui ont tristement signalé les premiers jours de son existence. M. de Frias a eu néanmoins le mérite de comprendre que, dans une pareille situation, il fallait appeler les cortès autour d’un trône menacé, et rendre ainsi quelque courage à l’opinion modérée qui commence à désespérer d’elle-même. Mais en même temps il a eu de grandes faiblesses. Il a laissé le ministre de la guerre par intérim, le général Aldama, se rendre dans une assemblée d’officiers de la garde nationale et d’officiers de l’armée, pour y donner des explications parfaitement inutiles sur une mission que le gouvernement venait de confier au général Narvaez. Sa conduite n’a pas été plus décidée envers ce même général. Après l’avoir rappelé de la Manche pour l’envoyer dans la Vieille-Castille, il a hésité à lui faire exécuter ses ordres ; il a reculé devant les plus sottes clameurs, et en présence de ces faiblesses, on s’est demandé avec douleur s’il y avait un ministère à Madrid. Pour comble de maux, la levée du siége de Morella et la retraite d’Espartero ont été suivies dans le Bas-Aragon et dans la Navarre de deux nouveaux échecs. En Aragon, la division Pardinas est détruite tout entière par Cabrera ; en Navarre, Alaix essuie une défaite sur les bords de l’Arga, moins grave, il est vrai, mais dont l’effet ne pouvait être que déplorable sur des troupes mécontentes et démoralisées. Pardinas, que l’on dit mort ou prisonnier, était un général de fraîche date, qui avait remporté quelques avantages sur les bandes carlistes de la province de Tolède et dont la brillante valeur inspirait beaucoup de confiance au soldat.

Le ministre d’Espagne à Londres, M. Aguilar, est sur le point de quitter cette résidence, où il sera remplacé par le général Alava, qui se trouvait ces jours derniers et qui est peut-être encore à Paris. M. Aguilar, envoyé à Londres par M. Calatrava après la révolution de la Granja, y avait éprouvé des désagrémens sans nombre, par suite du licenciement de la légion anglaise et des réclamations pécuniaires auxquelles la détresse du gouvernement espagnol n’a pas permis de donner satisfaction. Le général Alava, bien connu d’ailleurs en Angleterre, a déjà occupé une fois, dans ce pays, le poste qu’il