Que vous semble, monsieur, du ton de la presse ? Êtes-vous bien édifié de la décence de sa polémique, de la bonne foi qu’elle y porte, des connaissances qu’elle y déploie ? Les chambres, en se séparant, lui ont laissé le champ libre ; elle est sur le premier plan de la scène politique ; elle y jase et discourt à son aise. Rien ne lui fait obstacle et ne se met entre elle et le public. Pendant les vacances législatives, elle peut trôner en souveraine et croire plus que jamais à son infaillibilité.
La situation est magnifique, trop peut-être. Il y a des dangers dans cette carrière sans bornes, dans cette possession du premier rang. Quand les deux chambres sont assemblées et s’occupent des intérêts du pays, les journaux trouvent dans les délibérations parlementaires, non-seulement une matière qui remplit leurs colonnes, mais une base, un terrain pour asseoir leurs débats. Dans cette position, la presse peut appuyer utilement la tribune, en rectifier ou compléter les travaux et les discours, se mouvoir dans un cercle tracé, doubler enfin ses forces par une concentration habile et modeste. Dans l’intervalle des chambres, elle a seule la parole, mais