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c’est le Piano della Marina, qui sert comme de vestibule au quartier de la Kalsa. Les tribunaux, la Monnaie, la grand’garde avec quelques canons, la Douane, occupent deux des côtés de la place ; et, dans un de ses angles, s’élève le beau palais des princes de Partanna, qui est meublé avec toute la magnificence de Londres et de Paris. Dans ce quartier de la Kalsa, entre les églises et les couvens, sont les théâtres : le théâtre de Saint-Ferdinand, le théâtre Carolino et celui de Sainte-Cécile. Un descendant de Fernand-Cortez, le duc de Monteleone, dirige le premier et le soutient de son immense fortune. Mais les églises dominent les palais et les théâtres, celle de la Martorana, surtout, dont vous pouvez voir, de la piazza Villena où vous êtes, le charmant campanile gothique orné de colonnettes. En entrant dans sa nef, on se demande si l’on est dans une des mestcheds de Damas ou dans un temple catholique, et si, sous ce dôme soutenu par huit colonnes de granit oriental, chargé d’inscriptions arabes et d’ornemens mauresques, on adore le Dieu des chrétiens ou celui de Mahomet. La partie supérieure des murs est revêtue de ces grandes mosaïques bizantines à fond d’or, où domine le lapis lazzuli, mais endommagées. La partie inférieure est couverte de porphyre et de vert antique : la voûte est imposante. Celle de la chapelle principale a été peinte par Antonio Grano, élève de Novelli, et le tableau d’autel est un des beaux ouvrages de Vincenzo Anemolo ; il rappelle la manière de Raphaël. J’ai parlé du bas-relief de cette église, qui représente le roi Roger recevant la couronne des mains de Jésus-Christ. En face de ce bas-relief est une autre mosaïque ; on y voit le fondateur de l’église, Giorgio Antiochène, aux genoux de la Vierge, qui est elle-même prosternée devant son fils, assis sur des nuages. Les moines de ce couvent ont leur belvédère sur le Cassaro, qui est loin de là, et ils s’y rendent par une galerie souterraine.

Ce Novelli dont je viens de vous parler, a peint presque toutes les églises de Palerme, et particulièrement celles du quartier de la Kalsa. Dans l’église de Sainte-Marie-des-Anges, si vous demandez de qui est le tableau qui représente saint Pierre d’Alcantara, on vous répond : de Novelli. Dans l’église des Franciscains, dans celle de Saint-Charles-des-Bénédictins, si vous admirez un saint Benoît, une Madone col Bambino, un saint Louis de France ; à l’église des pères du Monte-Santo, à Sainte-Catherine, c’est toujours le Novelli. Ses tableaux sont remarquables par la sévérité du dessin, la sobriété de la couleur et le calme religieux des figures ; on sent que ce pinceau tient de l’Orient et de l’Italie. Il est même impossible de méconnaître