Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/782

Cette page a été validée par deux contributeurs.
778
REVUE DES DEUX MONDES.

possession du pachalik de Bayazid, situé au midi de celui de Kars, et qui a pour frontière, à l’est, la province d’Erivan, nouvelle conquête de la Russie. Cet officier partit du pied du mont Ararat, traversa les hautes montagnes qui séparent Erivan de Bayazid, et s’approcha de cette ville. Une seule attaque la fit tomber en son pouvoir, et le pacha Belioul fut au nombre des prisonniers. Quelques jours plus tard, il occupa Diadin et plus loin, sur la route d’Erzeroum, la forteresse de Toprakalé qui ne fit presque aucune résistance. Un détachement alla même enlever des vivres jusque dans le pachalik de Mouch où coule l’Euphrate, encore voisin de sa source.

Tout étant tranquille dans les pachaliks de Kars et d’Akhaltzikhé, Paskewitch travailla activement à faciliter les communications avec la Géorgie. Une route commode fut ouverte à travers les défilés de Bordshom, de manière à ce que les voitures pesamment chargées pussent y passer. Vers la mi-octobre, le thermomètre tomba à six degrés au-dessous de zéro, et l’hiver commença dans les contrées rapprochées des montagnes. Paskewitch, ayant laissé des garnisons dans les forteresses, ramena en Géorgie le reste du principal corps d’armée et lui fit prendre ses quartiers d’hiver. La guerre continua encore quelque temps dans le pachalik de Bayazid. La division du prince Tchetchévadzé, qui s’était portée très en avant, fut obligée, après quelques succès, de faire un mouvement de retraite devant un corps considérable de Turcs ; mais le général Pankratief, qui occupait encore la forteresse persane de Khoï, se porta sur Bayazid, ce qui décida les Turcs à rentrer dans les pachaliks de Mouch et d’Erzeroum.

Les résultats de cette campagne furent donc la conquête des pachaliks de Kars, d’Akhaltzikhé et de Bayazid, et la prise de neuf forteresses, dont quelques-unes très importantes, de quatre cent quarante-trois canons et de cent trente-sept drapeaux. À la fin de 1828, l’ordre était parfaitement rétabli dans les provinces conquises. L’hiver fut très rude, et les Russes l’employèrent à se préparer à la campagne suivante. Quatre régimens de cavalerie mahométane furent organisés dans la province de Karabagh, et une milice nationale fut levée en Géorgie. L’indemnité due par le chah, en vertu du traité de Tourkman-Tchaï, ayant été payée, le corps d’armée qui occupait Khoï évacua la Perse et vint grossir le nombre des troupes disponibles contre la Turquie.

Les Turcs, de leur côté, avaient fait de grands préparatifs. Malgré la rigueur de la saison, et quoique les montagnes fussent encore couvertes de neige, ils entrèrent en campagne dès les premiers jours du