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DU
THÉÂTRE CHINOIS.

C’est Voltaire qui, le premier, a fait connaître l’existence du théâtre chinois, en puisant le sujet ou plutôt l’idée de son Orphelin dans un drame incomplètement traduit par le père Prémare et publié par le père Duhalde. À cela près, les missionnaires ne se sont point occupés de cette portion curieuse d’une littérature dans laquelle ce qui ne pouvait servir leurs desseins, n’intéressait malheureusement pas assez leur curiosité. Depuis, M. Davis, établi à Canton, a publié en anglais deux pièces chinoises, mais sans s’astreindre beaucoup plus rigoureusement que le père Prémare à une complète exactitude, et bien souvent sans traduire les morceaux versifiés et chantés qui sont entremêlés avec le dialogue, morceaux qui, au dire des critiques chinois, forment la principale beauté de ce genre d’ouvrages. Ceux qui se dispensaient de cette partie de leur tâche, incomparablement la plus difficile, alléguaient l’impossibilité de comprendre les allusions fréquentes de la poésie chinoise à des faits, des usages, des superstitions que nous ignorons, et trouvaient d’excellentes raisons pour ne pas regretter ce qu’ils n’avaient pu traduire ; mais cette impossibilité prétendue et ces raisons suspectes n’ont point empêché un de nos compatriotes de faire, à Paris, sans autres secours que son étonnante connaissance de la langue, ce que M. Davis n’avait pas cru devoir tenter. M. Stanislas Julien, le premier, a publié un drame chinois traduit dans son entier, la partie poétique aussi bien que le