Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/723

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



31 août 1838.


Les fêtes données à l’occasion de la naissance du comte de Paris sont terminées ; mais les mécontentemens que cet évènement a causés aux différens partis se font encore entendre. Le nom donné au nouvel héritier du trône, les paroles prononcées par le roi et le duc d’Orléans, tout, jusqu’au jour de la naissance du jeune prince, a servi de sujet et de texte aux déclamations et aux prophéties sinistres. Un journal légitimiste n’a-t-il pas fait remarquer que le comte de Paris est né le 24 août, jour anniversaire de la Saint-Barthélemy ? S’il en est ainsi, 1838 sera une réparation des malheurs de 1572, mais nous ne devons pas nous étonner que les écrivains légitimistes, qui approuvaient la Saint-Barthélemy en la nommant un acte de rigueur salutaire, ne sentent pas toute la portée d’un évènement qui assure à la France la perpétuation directe d’une dynastie fondée sur le principe de la liberté des cultes et de toutes les libertés politiques.

Des esprits inquiets, mais moins hostiles, ont cru devoir remarquer que tant de réjouissances à l’occasion de la venue d’un héritier du trône, sont superflues, attendu que la naissance d’héritiers directs et pleins d’avenir, n’a pas empêché, depuis trente ans, les dynasties de tomber. Il est vrai que l’ambition effrénée de Napoléon a privé son fils du trône de France, et que le manque de foi royale de Charles X a envoyé le duc de Bordeaux en exil. C’est un exemple qu’il est bon de mettre, en tous pays, sous les yeux des princes ; mais cet exemple est inutile en France, et surtout en pareille occasion. Est-ce au roi qu’on viendrait offrir un pareil exemple ; au roi, qui depuis huit ans a fait respecter, et souvent au péril de sa vie, par tous les partis qui les ont attaquées, les institutions jurées en 1830 ? Est-ce à ses fils, à son héritier ? Mais n’ont-ils pas secondé le roi dans toutes ces journées périlleuses où il fallait défendre la constitution, les armes à la main ? n’ont-ils pas rempli leurs devoirs de prince et de citoyen, comme le soldat le plus obscur et le fonctionnaire le plus exact ? Quel a été le premier acte du roi après la naissance de son petit-fils ? N’a-t-il pas écrit de sa main au corps municipal pour lui