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INSTITUTIONS FINANCIÈRES.

l’extrême probabilité que le remboursement n’en sera pas requis à la fois, avant que la banque n’ait pu elle-même effectuer ses propres recouvremens.

Le choix des signatures, la multiplicité des affaires qui compense l’un par l’autre, en les divisant, les risques de perte, satisfont communément, d’une manière suffisante, à la condition de sécurité relative à la conservation du capital qui forme la garantie des créanciers de la banque. Pour que ses propres débiteurs vinssent à faillir presque tous ensemble, il faudrait un concours de circonstances si extraordinairement malheureuses, qu’il est raisonnable de le considérer pratiquement comme impossible.

Et quant à la supposition du remboursement simultanément exigé de la totalité des obligations de la banque, on ne saurait disconvenir qu’à certaines époques de perturbations commerciales, elle ne puisse devenir une réalité. L’expérience en a fourni plus d’une fois la preuve : plus d’une fois la banque d’Angleterre s’est vue hors d’état de remplir ses engagemens envers les porteurs de ses billets, ou d’effectuer leur remboursement en numéraire métallique. Toutefois l’expérience a montré aussi que les avantages procurés au commerce et à l’industrie par les banques autorisées à émettre un papier faisant fonction de monnaie, compensaient surabondamment les dangers que peuvent courir leurs créanciers dans les momens de crise. Il n’existe pas à cet égard une ombre de dissentiment.

Que si, de ces belles et grandes institutions auxquelles la richesse des nations a dû, dans les temps modernes, un accroissement si rapide, nous remontons par la pensée au point de départ, c’est-à-dire à l’échange en nature, qui pourrait méconnaître, dans ce développement graduel de la prospérité publique et du bien-être dont elle est la source, une claire manifestation de la loi de progrès qui préside aux destinées du genre humain perpétuellement en travail pour atteindre, dans tous les ordres où s’exerce son activité, un terme idéal de perfection, dont il approche incessamment ? Ceux-là donc seraient insensés qui croiraient possible ou désirable d’arrêter ce mouvement progressif. Ainsi, pour nous renfermer dans le sujet qui nous occupe, quelle que soit la supériorité de notre système économique comparativement aux systèmes antérieurs, tout le monde aujourd’hui comprend que, pour satisfaire aux besoins mêmes qu’il a fait naître, il est nécessaire qu’il reçoive une extension nouvelle et de nouveaux perfectionnemens. L’organisation du crédit n’est pas encore ce qu’elle doit être, ce qu’elle sera certainement un jour. Considérons, en effet,