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INSTITUTIONS FINANCIÈRES.

échange dans les transactions commerciales, offre des difficultés de transport très gênantes, quelquefois même presque insurmontables, et ce transport, en outre, nécessite des frais, entraîne des risques.

Si ce double inconvénient disparaissait, on obtiendrait évidemment deux avantages considérables : une diminution dans le prix des choses échangeables, proportionnelle aux frais de transport et au montant de l’assurance contre les risques qui s’y joignent ; une augmentation dans le nombre des transactions d’achat et de vente, proportionnelle aussi à la facilité d’appliquer, pour ainsi dire, le signe représentatif de la valeur aux valeurs effectives qu’il représente. Il y aurait, en un mot, dans les affaires, économie de dépenses et économie de temps. En d’autres termes encore, les capitaux utiles seraient comme multipliés autant de fois qu’il serait possible de les employer pendant l’espace de temps qu’exigerait le transport des métaux monnayés qui représentent matériellement ces capitaux.

Or, ces avantages si précieux furent acquis au commerce le jour où fut inventée la lettre de change ; car l’effet de la lettre de change est de rendre inutile, dans le plus grand nombre de circonstances, le déplacement des espèces monnayées, en compensant l’une par l’autre, autant que possible, les dettes respectives qui résultent des ventes et achats, ou en effectuant, par de simples assignations, les paiemens d’un lieu à un autre, de manière que le solde final des opérations prises dans leur ensemble reste seul sujet aux inconvéniens qu’entraîne le transport du signe matériel des valeurs.

Ce fut là, certes, un immense progrès et un bienfait immense pour le genre humain tout entier ; car les peuples même les moins avancés dans la civilisation en ressentirent de proche en proche les conséquences heureuses. Quel est, en effet, le coin du monde où le commerce n’ait pas pénétré, où il n’ait pas stimulé efficacement la production locale, et introduit, avec les productions étrangères, une multitude de commodités et de jouissances nouvelles ? On ne saurait douter que, sur l’universalité du globe, la richesse commune n’ait éprouvé un accroissement énorme depuis dix siècles, et, si sa distribution entre tous les membres de la famille humaine laisse tant à désirer, peut être le sujet de tant d’objections graves, c’est une question indépendante du fait général d’une plus grande production ou d’une richesse plus grande.

Diverses dans les divers pays, les monnaies diffèrent de poids et de titre, et ces différences, les dernières surtout, n’offrent rien de constant, à cause des fréquentes altérations que les gouvernemens