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ges dimensions qu’on a coutume de leur donner, expliquent comment, en comparant les chiffres portés ci-dessus, les 186 bateaux des États-Unis accusent un tonnage beaucoup plus fort que celui des 600 bâtimens de la Grande-Bretagne.

Quant à la France, si l’on consulte le compte rendu des travaux des ingénieurs des mines, publié en 1837, on voit qu’il existait, en 1835, sur nos fleuves et rivières, 100 bateaux à vapeur. Cinq départemens en employaient à eux seuls la plus grande partie (87 en 1836). Voici comment se distribuaient sur nos principaux fleuves les bateaux qui y avaient leur point de départ :

1835. 1836.
Sur le Rhône 
21 24
Sur la Loire-Inférieure 
13¨¨¨¨¨¨¨¨ 21
Sur la Saône 
14 18
Sur la Gironde 
18 14
Sur la Seine 
11 10

Le rapprochement de ces chiffres montre que, tandis que la Loire gagnait 8 bateaux sur 21, la Saône 4 sur 18 et le Rhône 3 sur 24, la Gironde en perdait 4 sur 18, et la Seine 1 sur 11. Trois autres départemens, Saône-et-Loire, les Côtes-du-Nord et le Finistère, abandonnaient aussi, ou voyaient se réduire sur leurs cours d’eau, ce mode spécial de transport. Deux causes ont pu contribuer à ce fâcheux résultat, le mauvais état de la navigation qui n’est que trop réel sur la plupart de nos rivières, et les difficultés d’approvisionnement causées par la cherté du combustible.

Bien que dans le relevé précédent, la Seine ne figure que pour 10 bateaux à vapeur qui lui appartiennent en propre, il importe de remarquer que sur les 105 bateaux qui naviguaient en 1836 sur nos fleuves et rivières, 38 ont la Seine pour lieu de parcours ou pour point de départ. C’est au Havre surtout que la navigation à vapeur se déploie avec le plus d’énergie, et contribue à former, pour le commerce côtier, les associations les plus nombreuses et les plus puissantes. C’est du Havre encore que se sont élancés récemment ces beaux et rapides pyroscaphes qui mettent aujourd’hui en communication le premier de nos ports de l’Océan avec Copenhague, Elseneur et Saint-Pétersbourg. Ce nombre de 38 bateaux affectés au service du bassin de la Seine n’était en 1834 que de 16 ; ainsi, en deux années, il s’est plus que doublé, tandis que la navigation du reste du royaume ne présente aucun accroissement notable. Cet état pour ainsi dire stationnaire, en France, de la navigation à vapeur, appelle hautement l’attention des chambres et de l’administration.

Un fait qui ressort également du document cité plus haut, c’est que le transport des voyageurs, par les bateaux à vapeur français, a diminué dans la proportion d’un quart, pour laisser place à un accroissement équivalent de transport de marchandises. Ce dernier mouvement était en 1836 de 1,615,000 quintaux métriques. Cette réduction dans le nombre des voyageurs est un fait