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crire à toutes les conditions faites par la Russie. Les plénipotentiaires des deux puissances se réunirent à Miana, le 3 février ; une grande partie de la contribution de guerre payée par la Perse à la Russie y fut apportée[1], et le 10 février le traité de Tourkman-Tchaï fut signé.

Les principales clauses de ce traité furent celles qui suivent : 1o  le chah de Perse abandonne à la Russie, en toute propriété, le khanat d’Erivan et celui de Naktchivan[2] ; 2o  les districts russes de Talich qui ont été occupés par les Persans seront rendus après la signature du traité ; 3o  la Perse paiera une indemnité de 48 millions pour les frais de la guerre et pour les dommages causés par son agression ; 4o  une partie de cette indemnité sera payée immédiatement, le reste dans un bref délai ; 5o  jusqu’au paiement intégral, les troupes russes occuperont la province d’Adzarbaidjan. Ce traité non-seulement enrichit la Russie des fertiles contrées qu’arrose l’Araxe, mais il lui livra les clés de la Perse en lui donnant la forteresse d’Erivan. Un autre résultat non moins important de la guerre de 1827, fut son effet moral, la haute idée de la puissance russe qu’elle répandit en Asie, et l’impression produite sur les populations des provinces transcaucasiennes, qui jusque-là ne se regardaient que comme occupées provisoirement par les Russes et avaient toujours les yeux tournés du côté de la Perse. Du reste, les bénéfices du traité de Tourkman-Tchaï ne tardèrent pas à se faire sentir ; car dans la guerre contre la Porte, qui commença bientôt après, la possession des provinces nouvellement conquises facilita beaucoup les opérations de Paskewitch dans l’Arménie turque, et les millions versés par la Perse dans le trésor impérial furent sans doute une grande ressource pour la Russie dans sa lutte aventureuse contre l’empire ottoman.


E. de Cazalès.
  1. Ce premier paiement fut de 1,500,000 tomans (24 millions).
  2. Plus tard, on en a fait une province, appelée province d’Arménie.