à feu et à sang. Les Persans avaient pris cette ville le 11 septembre et ils y restèrent jusqu’au 20. Quand ils en partirent, ils n’y laissèrent qu’un monceau de cendres et de décombres. Ils emmenèrent avec eux 15,000 prisonniers. Ceux des habitans de Tiflis qui avaient pu se cacher dans les montagnes restèrent un an sans oser revenir pour relever ces ruines, tant ils craignaient le retour d’Aga-Mohammed. Ils ne reprirent un peu de courage que lorsque le général Zoubof passa la frontière, prit Derbend, Bakou et Chamakhi, et envoya un corps de troupes en Géorgie. C’est alors seulement que les habitans de Tiflis commencèrent à rebâtir leur ville. La mort de Catherine II et le rappel de l’armée de Zoubof laissèrent la Géorgie exposée à la vengeance de son redoutable ennemi. Aga-Mohammed prépara une nouvelle expédition. Il menaçait tous les chrétiens adultes de la mort et tous les enfans de l’esclavage. Tout tremblait et s’enfuyait dans les montagnes, lorsqu’on apprit que le conquérant venait d’être tué dans la forteresse de Choucha par un esclave qu’il avait condamné à mort.
Le roi Héraclius mourut en 1798. Il eut pour successeur son fils George XIII, dont le règne de deux ans fut troublé par des discordes civiles et des querelles entre les membres de sa famille. Ne sachant que faire pour maintenir l’ordre, il avait fait venir des montagnes une garde composée de Lesghis, qui abusèrent de la manière la plus insolente du besoin qu’on avait d’eux. On leur avait donné pour demeure deux faubourgs de Tiflis, et les malheureux habitans eurent tout à souffrir de leur part. Les pillages et les actes de violence de ces brigands, qui abattaient, dit-on, les maisons quand ils avaient besoin de bois pour se chauffer, forcèrent le roi à recourir au cabinet de Saint-Pétersbourg, qui lui envoya quelques troupes sous les ordres du général Lazaref. Le faible George mourut en 1800. Avant sa mort, il avait fait donation de ses états à l’empereur de Russie, qui accepta l’héritage. Depuis 1801, la Géorgie fait partie de l’empire, et forme le point central des provinces au-delà du Caucase. Il faut reconnaître qu’à dater de cette époque la tranquillité du pays n’a pas été troublée, et qu’il a beaucoup gagné en prospérité et en civilisation.
Il y a en Géorgie comme dans tous les pays de montagnes une grande variété de climats et de productions. La fertilité du sol est très grande ; mais une partie de la contrée est inculte et l’autre est mal cultivée. On y récolte principalement des céréales, du maïs, du riz, du coton et du chanvre. On y fait beaucoup de vin d’une qualité excellente, et qui serait un article d’exportation très important, si l’on avait une meilleure manière de l’apprêter et de le garder. Tiflis est