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ÉTABLISSEMENS RUSSES DANS L’ASIE OCCIDENTALE.

l’Atech-Gah, dans les petits volcans de boue et dans les puits de naphte qui se trouvent dans le pays. La naphte est un des grands produits de cette terre d’ailleurs stérile : on en extrait annuellement 245,000 pouds[1], dont la majeure partie va en Perse où l’on s’en sert principalement pour l’éclairage. La naphte est affermée par le gouvernement qui en retirait, en 1825, 52,650 roubles d’argent (210,600 francs) ; les lacs salés de Bakou lui rapportaient 11,055 roubles d’argent (44,220 fr.) ; le reste du revenu de la province consistait dans un impôt personnel qui rendait peu de chose et dans les droits de douane dont le produit n’était pas très considérable. « En tout, dit M. Eichwald, les douanes de la mer Caspienne ne sont pas aussi productives qu’elles l’ont été, parce que le commerce avec la Perse tombe de jour en jour. Ainsi la douane d’Astrakan rapportait autrefois à la couronne 7 à 800,000 francs par an ; aujourd’hui elle en rend à peine 200,000. Celle de Bakou, qui a le second rang, donnait autrefois 180,000 francs, et n’en a rapporté que 110,000 l’année dernière. Le commerce de Perse s’est éloigné depuis quelques années parce que la plupart des marchandises persanes vont à Tiflis par Erivan. Le commerce est encore entravé par la diversité des tarifs. On paie les droits à Bakou, tantôt d’après ce qui a été réglé par le traité de Goulistan, quand les marchandises viennent de Perse, tantôt d’après le tarif européen quand elles viennent de Tiflis, tantôt d’après le tarif asiatique quand elles viennent d’Astrakan. Le commerce intérieur est encore très gêné par les douanes locales ; dans chaque ville on lève un droit sur les marchandises qui viennent d’une autre ville ; celles de Bakou paient à Chamakhi et celles de Chamakhi à Bakou. Tous ces droits augmentent beaucoup le prix des marchandises et font qu’il n’y a pas de profit à les transporter. Il en résulte que le commerce cesse et que le peuple ne peut jamais arriver à un certain degré de bien-être. Sous l’administration des khans, ce commerce était beaucoup plus actif, parce que tous ces droits de douane n’existaient pas. Sur dix navires qui venaient alors d’Astrakan à Bakou avec une cargaison de marchandises russes, il n’en vient aujourd’hui que trois ou quatre. Cela s’explique par le grand nombre d’articles russes qui arrivent à Bakou par Tiflis. »

M. Eichwald, après un premier voyage à Bakou, revint y passer l’hiver, et il donne des détails fort intéressans sur les mœurs des habitans de cette ville. Ce sont, pour la plupart, des Tartares chiites,

  1. Le poud vaut 33 livres 1/2.