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DE
LA QUESTION COLONIALE
EN 1838.

Le jour approche pour les colonies françaises, où une grande réforme, la dernière de toutes, l’abolition de l’esclavage, sera devenue inévitable. Quand le gouvernement de la France, poussé par l’opinion publique et plus encore par l’irrésistible exemple d’une nation voisine, abordera enfin cette mesure décisive, il regrettera amèrement d’avoir trop peu fait pour la préparer. Nous le regretterons plus que lui ; car bien des difficultés d’exécution, qui se rencontreront alors en son chemin et qu’il serait juste d’imputer à sa longue immobilité, seront mises sans doute sur le compte de cette réforme elle-même, et cependant elle porte déjà avec elle assez d’obstacles naturels, sans qu’on travaille à la rendre encore responsable de torts qui ne seraient pas les siens.

Nous sommes loin de prétendre que rien n’ait été fait, depuis la révolution de 1830, pour l’amendement du vieux régime colonial : on pourrait nous répondre, en invoquant les ordonnances royales du 1er mars 1831, du 12 juillet 1832, du 4 août 1833, les lois du 4 mars 1831 et du 24 avril 1833. Mais de ces diverses manifestations de la puissance publique de la métropole à l’égard de ses établissemens d’outre-mer, les unes ont eu pour objet de déterminer les droits nouveaux de