Arabes sous le rapport de l’habitation, de la manière de vivre, partageaient leurs préjugés contre les chiens ?
En nous promenant autour du douar, nous apercevions le fort de Hamza dans la direction du mont Jurjura. Nous désirions beaucoup le visiter pour examiner les ruines romaines au milieu desquelles il est bâti ; mais on trouva toujours quelque prétexte pour nous en détourner. On craignait sans doute que nous n’en prissions le plan.
Du temps des Turcs, cette position était gardée par une centaine de soldats ; les Aribs nous assurèrent que l’émir avait l’intention d’y laisser une garnison de 300 hommes lorsqu’il quitterait la contrée. À la distance où nous examinions ce fort, il était difficile d’en apprécier exactement la forme ; il nous parut être un rectangle flanqué de bastions.
L’intention que l’on prêtait à Abd-el-Kader d’occuper le Bordj-Hamza est assez probable ; car cette position est importante, à cause de la proximité des frontières des trois provinces d’Alger, de Titteri et de Constantine. De là on menace également les Kabaïles de l’Isser et ceux du Jurjura surtout. Or, les montagnards du Jurjura, au nombre de 24 tribus, fortes chacune de 2,000 habitans, forment une population redoutable qui veut et peut rester indépendante. L’émir le sent bien, et s’est gardé d’aller chez eux ; mais il n’est pas fâché de les inquiéter en plantant son drapeau en vue de leurs montagnes.
Du fort de Hamza on peut aussi opérer sur Bougie en prenant à revers les Kabaïles qui entourent cette ville. Il n’y a qu’à suivre le prolongement de la plaine de Hamza qui pénètre entre le Jurjura et les montagnes de l’Oued-Nougha jusqu’à la vallée de la Summam ou Bou-Msaoud avec laquelle ce prolongement se confond.
Au retour de notre excursion, nous trouvâmes un très bon repas ; nos amis les Aribs s’étaient surpassés pour effacer de notre mémoire les griefs que nous avions d’abord eus contre eux. Après le repas, chacun s’installa de son mieux dans la tente où nous devions passer la nuit (et une nuit de décembre) à peu près à la belle étoile ; car la tente arabe, ouverte en avant et en arrière, n’abrite pas beaucoup du vent.
Ces tentes, ou guitoun, et la gourbie, sont les deux seuls genres d’habitation que l’on puisse espérer de rencontrer lorsqu’on voyage dans l’Algérie et qu’on s’écarte un peu des villes. La gourbie est une chaumière qui se trouve dans presque toutes les tribus kabaïles, car il est peu d’individus de cette race qui vivent sous la tente. Nous avons déjà dit qu’habituellement les montagnards ont dans chaque village une gourbie isolée où on loge les passans et les étran-