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VOYAGE AU CAMP D’ABD-EL-KADER.

Isser, qu’à traverser une suite d’ondulations formées par les arêtes qui partent comme autant de rayons de son point culminant et qui font jonction ou engrenage avec les arêtes semblables qui s’abaissent du sommet du massif voisin.

Arrivés sur les premières de ces arêtes, nous vîmes de belles et nombreuses cultures, des villages fréquens et assez considérables. Tela-Klifa, sur une rampe boisée du mont Ammal, et qui nous apparut comme suspendu au-dessus de nos têtes, est particulièrement remarquable par la quantité des maisons qui le composent, par l’étendue et le bon état des cultures qui l’entourent. Le figuier et l’olivier y dominent spécialement.

On continue de s’élever en franchissant des vallons et des crêtes, et l’on traverse souvent de petits cours d’eaux que le mont Ammal laisse échapper de ses flancs. Dans un de ces vallons est un bel abreuvoir, bâti par Omar-Pacha.

Nous parvînmes enfin à la dernière de ces crêtes, au point culminant, et le pays situé au-delà de cette première chaîne du Petit-Atlas se développa devant nous en tous sens et à une grande distance. En avant vers l’est, la vallée du Haut-Isser remontait en serpentant dans la direction du Jurjura dont le sommet, couvert de neige, fermait la perspective. À droite, la belle vallée de l’Oued-Zeitoun venait se réunir à celle de l’Isser. À gauche, une gorge étroite et profonde donnait passage aux eaux de l’Isser, grossies de celles de l’Oued-Zeitoun. Cette gorge sépare la vallée de l’Isser de la plaine des Issers, et établit une ligne de démarcation naturelle entre le cours supérieur de la rivière et son cours inférieur.

En descendant sur la vallée de l’Isser, on trouve à mi-pente un bouquet de beaux oliviers, et, au milieu de ces arbres, quelques gourbies (chaumières kabaïles) assez bien construites. C’est le lieu dit Souq el djemâ mtâ Ammal (marché du vendredi d’Ammal). Les mots mtâ Ammal servent à distinguer ce marché du souq el djemâ, qui se tient à Blida tous les vendredis.

Au bas de la descente, nous traversâmes l’Oued-Zeitoun un peu avant son confluent avec l’Isser, puis nous marchâmes vers cette dernière rivière, que nous passâmes également en laissant à un quart de lieue sur la droite le pont qu’Omar-Pacha y a fait bâtir et auquel la chaussée dont on a parlé plus haut vient aboutir et se terminer.

Le pays des Zouetna, que nous avions alors sur la droite, est assez remarquable pour motiver une courte digression. Ce pays, tel que nous l’apercevions, se compose de deux massifs de montagnes