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REVUE. — CHRONIQUE.

drait que plus tôt. Quant au ministère actuel, il doit savoir qu’en maintenant la paix au dedans et au dehors, il déjouera les projets du parti doctrinaire, et qu’il rendra ainsi un double service au pays.

La mort du savant M. Dulong a été pour M. de Salvandy, l’occasion d’une de ces mesures généreuses et honorables qui distinguent son administration. Le taux de la pension le plus élevé que les règlemens permettent d’accorder aux veuves des auteurs d’écrits scientifiques, ne pouvant s’élever qu’à 1,200 fr., le ministre de l’instruction publique a proposé au roi de porter pour Mme Dulong cette indemnité à 2,000 fr. Le désintéressement de M. Dulong devait valoir cette faveur à sa veuve. La science profonde de ce chimiste, sa haute réputation, lui eussent fourni souvent l’occasion de réaliser une grande fortune, si l’amour de la science ne l’eût occupé tout entier. On sait que M. Dulong employait toutes ses économies à perfectionner les instrumens et les procédés chimiques, et qu’il a constamment refusé la part qu’on lui offrait dans les entreprises industrielles que son génie scientifique faisait prospérer.

Les études et les bonnes mesures ne se ralentissent pas non plus dans le ministère des travaux publics. L’examen des jeunes gens qui se destinent aux écoles des arts et métiers, a donné lieu à une excellente circulaire de M. Martin du Nord. L’état perfectionné de l’industrie demande un surcroît de lumières de la part de ceux qui se consacrent à diriger les procédés industriels. La circulaire du ministre recommande aux examinateurs des conditions plus rigoureuses. C’est en agissant ainsi qu’on maintiendra nos institutions scientifiques au rang qu’elles doivent avoir, et qu’on leur conservera leur réputation si méritée en Europe.


— Parmi les travaux historiques entrepris sous le patronage du ministère de l’instruction publique, à l’aide des fonds votés par les chambres, le plus important, sans contredit, est celui qui a été confié à M. Augustin Thierry, et qui a pour objet la recherche et la publication des monumens inédits de l’histoire du tiers-état. Dans un rapport adressé l’année dernière à M. Guizot, l’historien des communes a tracé avec cette hauteur de vues qui le caractérise, le plan et les divisions qu’il croyait devoir adopter pour la mise en œuvre du recueil dont l’exécution lui était confiée. Depuis lors, les travaux préparatoires de cette entreprise si éminemment nationale ont été poussés avec une remarquable activité ; un vaste système de recherches a été organisé sur tous les points de la France ; à Paris les immenses collections des manuscrits de la Bibliothèque royale, des archives du royaume, et des archives judiciaires, ont été en partie dépouillées ; dans chaque département, l’attention des autorités a été appelée sur nos archives municipales, et des hommes spéciaux les explorent avec le soin le plus scrupuleux.

Nous avons sous les yeux un nouveau rapport de M. Augustin Thierry, dans lequel il rend compte au ministre actuel du travail de cette année. Nous croyons devoir appeler l’attention sur ce rapport, aussi remarquable par le mérite littéraire que par l’importance du sujet, et dans lequel l’illustre auteur des Lettres sur l’Histoire de France a su donner au compte rendu des travaux d’une entreprise de bénédictins, la vie et l’intérêt qu’il communique à toutes ses productions. Nous sommes frappés de l’importance des résultats