Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/352

Cette page a été validée par deux contributeurs.
348
REVUE DES DEUX MONDES.

(royaume de la mer). Mais il oublie que la Suède s’appelait anciennement Svithiod, lequel mot provient de Scythia[1], que Snorre Sturleson appelle aussi Svithiod-la-Grande[2]. De cette terre de Svea rike sortirent, dit Dalin, les Sveves, qui envahirent la Souabe et la Suisse auxquelles ils donnèrent leur nom.

Toute cette question est traitée dans son livre d’une manière fort arbitraire, et il est obligé, pour la soutenir, d’avoir recours à des hypothèses peu probables. Le reste de son histoire est un récit facile, élégant, écrit avec une plume de poète, mais fort léger et fort superficiel. Les graces du style lui ont donné, pendant quelque temps, une certaine popularité. Les nouvelles études historiques plus sérieuses et plus approfondies, les remarques de Botin en ont fait voir le défaut radical.

Dans le même temps vivait en Suède un homme moins favorisé de la fortune que Dalin, moins adulé par la cour et par le public, mais plus grave et plus digne de confiance ; c’était Lagerbring[3]. Il était l’ami de Langebuk, qui établit sur des bases solides l’histoire de Danemark. Comme lui, il étudia les annales de son pays avec amour et persévérance. Il ne se borna pas à prendre çà et là les documens connus, les chroniques admises par le vulgaire ; il eut recours aux actes officiels oubliés dans les archives ; il les rechercha avec ardeur et les compulsa avec sagacité. On peut lui reprocher de s’être laissé séduire dans les commencemens de son ouvrage par des traditions trop vagues et trop équivoques ; mais, une fois arrivé au moyen-âge, il marche en toute sûreté. C’est un historien indépendant et consciencieux qui éclaire à chaque pas la route obscure de ses devanciers, corrige leurs erreurs, et dédaigne de flatter comme eux l’orgueil des familles nobles. Les faits nouveaux qu’il rapporte prouvent l’étendue de ses études. Malheureusement il n’a pu achever le grand travail auquel il avait dévoué toute sa vie. Il est mort laissant une œuvre inachevée, un monument debout sans chapiteau[4].

Olaf Celsius était le contemporain de Dalin et de Lagerbring. Il écrivit une histoire de Gustave Wasa et d’Éric XIV, histoire exacte et sans prétentions, qui fut chérie du public, et que l’on aime à relire encore.

En 1792, Gustave III fonda l’académie des lettres et de l’histoire. Cette académie met des questions au concours, distribue des prix, publie des mémoires. Elle s’est illustrée par plusieurs travaux. Rosenhane, Hallenberg, Engestrœm, ont inséré dans le recueil de ses mémoires des dissertations historiques dignes d’être étudiées. F. Faut était un des principaux membres de cette société. Il tenta de publier l’histoire de Lagerbring et publia des le-

  1. Ex Scythia propter tennem convenientiam vocis factum est Svithiod. Bayer, opuscula 1770, pag. 249.
  2. Enn Nordan af svarta. Hafi gengr. Svitiod in Mikla.
  3. Né en 1707 ; mort en 1787. Il s’appelait Bring. Le roi l’anoblit en 1769, et lui permit d’ajouter à son nom le mot de Lager, qui signifie laurier.
  4. Svea Rikes Historia, 4 vol. in-4o, Stockholm, 1769-1783.